PARIS
La durabilité est l’un des trois piliers du projet d’établissement d’Universcience, qui, après un bilan carbone, a commencé à mettre en place plusieurs mesures visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Paris. Le changement climatique, les enjeux énergétiques et la crise de la biodiversité sont au cœur de la programmation d’Universcience à la Cité des sciences et de l’industrie, dans les expositions tant permanentes (« Énergies », « Bio-inspirée », « Des transports et des hommes »…) que temporaires, qui décortiquent les problématiques, lancent des pistes de solution et montrent que le changement est possible. Ainsi de « Renaissances », plongeant les visiteurs dans les imaginaires de l’effondrement et du renouveau, qui a fermé ses portes début mars. Ou encore de « Jean », à l’affiche jusqu’au 8 mai, montrant les coulisses de la fabrication de ce pantalon qui a conquis la planète dans le courant du XXe siècle, en passant à la loupe les pollutions qu’il engendre et les solutions pour le rendre plus durable. Universcience publie aussi Blob, un magazine numérique d’information et de vulgarisation avec sa série « Dans les coulisses du climat ».
Chargé depuis sa création en 2010 de promouvoir la culture scientifique, technique et industrielle, Universcience, l’établissement public réunissant la Cité des sciences et de l’industrie et le Palais de la découverte, se devait d’être en pointe en matière de développement durable et de transition écologique.
Une mission complexe pour Bruno Maquart, conscient de l’exemplarité qui doit être celle du paquebot qu’il dirige, quatrième site culturel le plus visité de France (2,8 millions d’entrées) qui comprend 100 000 mètres carrés de surface et 30 000 d’exposition. « Nous devons engager une démarche de décarbonation qui touchera à toutes les composantes de nos activités, souligne le président de l’établissement public. Nous allons devoir faire moins – sobriété – et mieux, en inventant une programmation bas carbone. Et inventer et expérimenter un certain nombre d’initiatives. » Il avait en effet commencé par pointer des débuts « modestes ».
Premier impératif : maîtriser les consommations d’énergie en dressant une cartographie de tous les flux de l’activité de l’établissement. C’est l’objectif du bilan carbone réalisé par le cabinet Climat Mundi. Les postes les plus émetteurs de gaz à effet de serre ? Les déplacements des visiteurs en premier lieu (76 % des 8 615 tonnes équivalent C02 émises à l’occasion des déplacements) et ceux des 1 000 collaborateurs de l’établissement (17,5 % liés aux déplacements domicile-travail, et 6,5 % aux missions professionnelles), suivis par les achats, puis celui de l’énergie des bâtiments. Pour tenter d’infléchir les modes de déplacement des visiteurs, une billetterie dotée d’un calculateur de C02 a été instaurée. Chacun peut ainsi constater qu’il émet moins de gaz à effet de serre s’il vient en transport en commun que s’il prend un véhicule individuel. « Nous réfléchissons par ailleurs à la mise en place d’une tarification qui encouragerait les visiteurs à utiliser des modes de transport doux », poursuit Bruno Maquart. En couplant, par exemple, les tickets d’entrée à une offre de transport « propre ».
Du côté des salariés, un plan de déplacement d’entreprise, rendu obligatoire par la loi, est entré en vigueur dans le cadre du projet d’établissement 2016-2020. Celui-ci privilégie les transports en commun, le vélo et la marche à pied, tout en mettant en place des outils d’accompagnement : équipements pour les cyclistes, augmentation du nombre de places sécurisées pour les vélos, « vélopartage », etc. Les changements de comportement tarderaient cependant à se traduire en réalité, glisse-t-on à la direction.
L’accent a été mis également sur la montée en puissance des téléconférences et du télétravail. L’accord collectif de télétravail, signé en octobre 2019 et amendé à l’automne 2020, prévoit deux jours de télétravail par semaine, trois au maximum, dans la mesure où cela ne remet pas en cause la continuité de service, précise le texte.
Le projet d’établissement 2021-2025, qui comprend 100 actions, s’est fixé pour objectif de tendre vers la neutralité carbone à l’horizon 2025 en s’appuyant sur les recommandations de l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), soit « éviter », « réduire », « compenser ». Premières étapes : réduire les émissions de gaz à effet de serre des bâtiments en mettant en place un tableau de bord des consommations énergétiques et instaurer un contrat énergie verte.
Lors de la fermeture du Palais de la découverte pour cause de travaux de rénovation, une structure éphémère et écoresponsable en bois a été installée dans le 15e arrondissement de Paris autour du jardin Caroline-Aigle, ouverte au public depuis le mois de juin 2021. L’aménagement intérieur des « Étincelles » (c’est son nom) a été conçu en recourant pour 90 % des éléments à des matériaux réemployés. Lors de la réouverture du Palais de la découverte, la structure en bois des Étincelles pourra être entièrement réemployée.
Scénographies : réemployer les éléments
Autre objectif d’Universcience, économiser les ressources et promouvoir le recyclage. « Dès l’origine de la Cité des sciences, nous avons été pionniers en la matière. Un dispositif avait été mis en place qui permettait de passer commande de scénographies – de gigantesques meccanos – réemployables, explique Bruno Maquart. Nous avons créé également un guide portant sur l’écoconstruction des expositions. Nous nous appuyons, aujourd’hui, sur cette tradition pour aller un cran plus loin. » L’exposition « Renaissances » a ainsi été conçue de façon à ce que tous les éléments puissent être démontés et réutilisés via des filières de réemploi. Initiative tout aussi novatrice : le montage, à Londres, de l’exposition « Chiens et chats » en renonçant à déplacer les équipes techniques, lesquelles ont assuré le montage à distance depuis Paris.
Autres priorités du projet d’établissement 2021-2025 : développer une culture de sobriété numérique ; et poursuivre la politique de protection de la biodiversité, en créant notamment un parcours de sensibilisation sur le site de la Cité des sciences et de l’industrie tout en poursuivant l’aménagement des douves en bassin de phyto-épuration.
« Chapeau Universcience ! Leurs bonnes pratiques peuvent inspirer. Mais maintenant, on doit passer à une étape supérieure pour que tout le secteur culturel avance », souligne Alice Audouin. « Il faut aller au-delà du bilan carbone, premier pas louable et positif, pour traiter la crise écologique dans son ensemble, et adopter des logiques plus ambitieuses d’écoconception en s’appuyant sur des analyses de cycle de vie », poursuit la présidente du cabinet Art of Change 21, qui invite le secteur de la culture à s’engager à une échelle sectorielle pour mutualiser cet outil performant, le plus abouti pour évaluer les impacts environnementaux.
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Universcience, vers la neutralité carbone
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°585 du 18 mars 2022, avec le titre suivant : Universcience, vers la neutralité carbone