PARIS
Après une année 2015 difficile, Bruno Maquart veut consolider l’ADN de l’établissement public tout en investissant sur l’humain sous toutes ses formes.
PARIS - Bruno Maquart, le président d’Universcience, compte bien sur la célébration des 30 ans de la Cité des sciences et des 80 ans du Palais de la découverte pour oublier « l’annus horribilis » que fût 2015. Une année noire qui a démarré avec les attentats de janvier qui ont provoqué une première diminution de la fréquentation des scolaires, suivis d’une grève d’une partie du personnel. Puis, en guise de cadeau de bienvenu pour le nouveau président, un incendie s’est déclenché en août dans la quatrième travée du bâtiment, longtemps restée vide avant d’être concédée au promoteur Apsys qui devait ouvrir cet automne un immense centre commercial avec des restaurants et des attractions. L’incendie n’a pas touché les espaces de la Cité des sciences, mais la propagation de la fumée et l’eau des pompiers ont atteint ses espaces d’exposition et elle a dû fermer sept semaines. Enfin les attentats de novembre ont lourdement affecté la fréquentation. De sorte que celle-ci a baissé de 22 % pour s’établir à 2,5 millions de visiteurs, 2 millions à la Cité et 540 000 visiteurs au Palais de la découverte. « En neutralisant l’effet incendie, la baisse est de 9 % », relativise Bruno Maquart qui rappelle que la Cité des sciences reste le cinquième lieu culturel le plus visité en France.
Mais contrairement à d’autres lieux, ces événements ont peu affecté l’économie de la Cité, qui a été entièrement indemnisée par les assurances pour les incendies et a pu ajuster ses dépenses pour compenser la baisse des recettes des scolaires. Par ailleurs, les finances d’Universcience sont saines, l’établissement public qui gère depuis 2010 la Cité des sciences et le Palais de la découverte a même dégagé un bénéfice de 3 millions d’euros en 2014 pour des dépenses de 141 millions d’euros et 2015 devrait aussi être profitable.
Double anniversaire
Exit donc 2015 et son cortège de problèmes, même si la fréquentation des scolaires n’est pas encore revenue à son niveau habituel, et cap sur les festivités qui dureront de l’anniversaire (en mars) des 30 ans de la Cité des sciences aux 80 ans (en mai 2017) du Palais de la découverte. Au programme, on relève une exposition sur les maladies psychiques (« Mental désordre »), une exposition sur les « Bébés animaux », un Festival des drones, ou encore une exposition sur les mutations urbaines ou un regard sur le Moyen-Âge à l’aune des dernières découvertes archéologiques. Cet aperçu illustre assez bien le territoire de plus en plus élargi de la Cité qui déborde des sciences « dures » pour des sujets d’histoire ou de société qui rencontrent un public grandissant dans les muséums ou au Mucem à Marseille ou au Musée des Confluences à Lyon. Avec des chiffres de fréquentation à faire pâlir d’envie le Grand Palais ; Climax par exemple en 2005, l’une des 336 expositions d’Universcience avait ainsi attiré 800 000 visiteurs.
Valoriser la relation avec le public
Le succès d’Universcience, car c’en est véritablement un, repose sur une attention particulière pour le public. « La Cité des sciences et de l’industrie est l’endroit où l’on voit les choses pour la première fois », rappelle Bruno Maquart, c’est aussi la maison de l’innovation en matière d’offres et de manière de faire ». Et celui qui fut directeur général du Centre Pompidou souhaite aller plus loin en associant de simples visiteurs dans le design des expositions, comme ce sera le cas avec une exposition sur le big data. Une démarche marketing de bon sens qui fait cruellement défaut à de nombreux lieux culturels. Paradoxalement, alors qu’on s’attendrait de la part d’un lieu scientifique à un recours accru à la médiation numérique, Universcience veut au contraire mettre davantage d’humain. « Les contenus scientifiques sont beaucoup sur le net : plus il y a de numérique, plus il faut incarner les établissements et la relation avec nos visiteurs », précise-t-il. Aux « exposés » de 45 minutes animés par des médiateurs qui savent s’adapter au profil de leurs visiteurs, Universcience ajoute maintenant des master class sur le modèle de ce qu’il a fait récemment pour des jeux vidéo.
Puisant dans ses anciennes responsabilités à France Museum, l’agence en charge du projet du Louvre Abou Dhabi, Bruno Maquart voudrait aussi exploiter le savoir-faire d’Universcience en vendant du conseil en France et à l’étranger. Une opportunité que nombreuses sont les institutions – du Louvre à la RMN-Grand Palais, en passant par Culturespace – à vouloir saisir pour augmenter leurs recettes et valoriser leur personnel. Bruno Maquart affirme recevoir de nombreuses demandes, il va d’ailleurs collaborer avec le projet EuropaCity développé par Auchan dans le nord de Paris. Dans l’immédiat, il va structurer une offre commerciale de formation permanente à la médiation scientifique et culturelle avec des universités parisiennes.
Le ciel semble donc dégagé pour Universcience et son président. Seul nuage à l’horizon, la possible fermeture forcée du Palais de la découverte pour 2 ou 3 ans en raison des travaux du Grand-Palais annoncés par Jean-Paul Cluzel avant son départ.
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Universcience veut tourner la page 2015
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°454 du 1 avril 2016, avec le titre suivant : Universcience veut tourner la page 2015