PARIS
Le Centre culturel canadien s’intéresse aux processus génératifs appliqués à l’art.
Paris. Topos de la modernité artistique, le travail en série se voit stimulé, voire réinterprété, à l’aune des nouvelles technologies. C’est en tout cas ce que suggère « En d’infinies variations », présentée au Centre culturel canadien. Dernier volet d’une trilogie consacrée aux mutations du travail artistique à l’ère numérique, l’exposition examine comment les algorithmes et les intelligences artificielles pénètrent le champ artistique. Autour d’une petite dizaine d’artistes, pour la plupart québécois, et d’un corpus d’œuvres récentes, elle montre comment les processus génératifs et les interfaces vivifient les grands genres picturaux, du portrait au paysage, et éclairer certaines thématiques contemporaines – l’identité notamment.
« Nous n’avons jamais produit autant d’images », déclarent Dominique Moulon, Alain Thibault et Catherine Bédard, les trois commissaires de l’exposition. Ce flux inégalé explique en partie pourquoi la notion de série connaît un tel succès. Chez Oli Sorenson, qui dresse dans ses tapisseries le panorama des activités humaines et des systèmes d’information, ou chez Timothy Thomasson, dont la vidéo I’m Feeling Lucky (2023) emprunte à la fois aux moteurs de jeux vidéo et à Google Street View, la profusion d’images ouvre vers un art du « remix », fondé sur la réinterprétation des formes et esthétiques numériques.
À travers les portraits de Chun Hua Catherine Dong (Skin Deep, 2019) et de Caroline Monnet (Fragment, 2019), l’exposition souligne aussi comment l’hybridation de la photographie et des technologies vient à la fois « augmenter » l’image et la brouiller pour mieux questionner nos « personnalités multiples », en écho au thème de la Biennale Némo qui s’est achevée récemment (Biennale internationale des arts numériques d’Île-de-France). Mais comme le suggèrent les œuvres vidéo de Nicolas Baier (Vases communicants, 2022), de Salomé Chatriot (Breathing Patterns, 2023), de Christa Sommerer et Laurent Mignonneau (People on the Fly, 2016) ou de Georges Legrady (Anamorph-Lattice, 2020-2022), le travail en série pointe surtout les spécificités de l’art génératif. Avec ce dernier, la création artistique se conçoit en effet comme une fructueuse collaboration entre humains et programmes informatiques qui ouvre vers l’autonomisation de l’image, jusqu’à l’infini.
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Les « infinies variations » que permet l’IA
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°625 du 19 janvier 2024, avec le titre suivant : Les « infinies variations » que permet l’IA