Photographie

EXPOLOGIE

Le territoire azuréen vu sous un autre angle

Par Élodie Antoine · Le Journal des Arts

Le 27 mars 2025 - 449 mots

Jean-Marc Caimi et Valentina Piccini donnent à voir un regard inédit sur la région, pas toujours pertinent.

Villefranche-sur-Mer (Alpes-Maritimes). Le duo de photographes, Jean-Marc Caimi et Valentina Piccini, a été invité par le Centre de la photographie de Mougins et la Citadelle de Villefranche-sur-Mer à réaliser une résidence (décembre 2024 - janvier 2025). Celle-ci a consisté en une exploration du territoire azuréen, de Fréjus à Villefranche-sur-Mer. La démarche des photographes a privilégié la rencontre et l’échange avec les habitants des Alpes-Maritimes.

Avec cette invitation, les deux structures renouvellent avec le genre de la commande photographique qui fut à l’époque de Marie-France Bouhours, directrice historique du Théâtre de la Photographie et de l’Image de Nice, une des spécificités de la région, avec des campagnes confiées à Gabriele Basilico, Martin Parr, Bernard Plossu… La nouvelle direction du Musée de la photographie Charles Nègre de Nice ayant a priori abandonné cette mission, le Centre de la Photographie de Mougins la poursuit à sa manière.

Les deux commissaires d’exposition, Yasmine Chemali et Camille Frasca, insistent sur les liens que les photographes ont noués avec les habitants de la région, à l’instar d’une enquête anthropologique et sociologique. La carte géographique des lieux visités et fréquentés par les artistes révèle une grande diversité dans leur typologie : mosquée, parc zoologique, lac, plage, abbaye, bar, golf, musée, chantier naval et chapelle. L’enjeu de leur résidence est d’« explorer l’envers du décor, ce territoire à la fois surexposé par le soleil et saturé d’images clichées qui en masquent la réalité intime ».

L’exposition dévoile des aspects méconnus de la région. Elle s’ouvre sur deux images, celle d’un homme d’âge mûr arborant sur une veste polaire à motifs géométriques une cocarde tricolore, l’autre évoquant le drapeau français par le truchement d’éléments juxtaposés bleu, blanc, rouge. Ces deux images synthétisent deux caractéristiques du territoire : la génération qui l’habite et son penchant au nationalisme.

L’exposition se poursuit selon un accrochage qui fait la part belle à la combinaison de différentes images. C’est là que les artistes manquent quelque peu de clarté, en privilégiant un montage basé sur des associations formelles et/ou de couleur au détriment de la puissance symbolique qui ouvrait assez justement l’exposition. Les images ne sont pas inintéressantes, mais leur association est plus proche de celle habituellement rencontrée dans la presse illustrée que dans une exposition visant à éclairer un territoire. Ces images dont certaines très frontales sont empreintes d’une réelle violence apparaissent dans cette configuration assez anecdotique. Le choix de dissocier les images de leur lieu de prise de vue n’apparaît pas ici convaincant. Il aurait été sans doute plus judicieux de maintenir l’unité de temps et de lieu afin de rendre plus précisément compte de ces rencontres.

Caimi & Piccini. Le Cœur caché,
jusqu’au 27 avril, La Citadelle, 17, place Emmanuel-Philibert, 06230 Villefranche-sur-Mer.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°652 du 28 mars 2025, avec le titre suivant : Le territoire azuréen vu sous un autre angle

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