L’exposition montre la montée des représentations d’enfants en s’appuyant sur des œuvres singulières.
Le Mans. À la suite de la convention de coopération scientifique entre le Louvre et les musées du Mans, signée en 2022, deux conservateurs du Louvre, Stéphanie Deschamps-Tan et Côme Fabre, ont imaginé une exposition à partir d’œuvres du Musée de Tessé, Portrait d’un père de famille avec ses enfants (vers 1805) d’un anonyme et Portrait d’un jeune garçon (vers 1820) de Théodore Géricault. Sur le thème de l’enfance dans les arts de 1790 à 1850, ils ont construit un parcours de plus d’une centaine de numéros qui sera présenté au Musée des beaux-arts (MusBA) de Bordeaux après l’étape du Mans. Des exigences de sobriété écologique et budgétaire ont conduit à ne pas solliciter de prêts du Grand Est, du Sud-Est ou de l’étranger. Les investissements se sont portés sur le catalogue, très soigné, et les restaurations. Les plâtres Barra mourant (vers 1838) de David d’Angers et Jeune aveugle breton (1839) d’Étienne Nicolas Suc et les toiles Deux ramoneurs (1829) de Sophie Feytaud-Tavel et Giotto dans l’atelier de Cimabue (1833) de Jules Claude Ziegler ont ainsi trouvé une nouvelle jeunesse.
Les choix des commissaires se sont souvent arrêtés sur des œuvres rares. Elles peuvent l’être par leur sujet comme le buste de marbre Louis XVII enchaîné (1827) (voir ill.) d’Achille Joseph Étienne Valois, la seule commande officielle d’une représentation du fils de l’enfant du Temple, ou parce qu’elles ne sortent pas de leur lieu de conservation, tel Le jeune Gaston, dit L’Ange de Foix (1838), une toile de Claudius Jacquand en dépôt chez son donateur usufruitier. De manière inhabituelle dans les expositions sur le thème des enfants, la mort est évoquée par deux daguerréotypes anonymes, portraits posthumes d’un garçonnet et d’une fillette, et un tombeau, Gisant de Françoise d’Orléans, Mademoiselle de Montpensier (1845-1847) de James Pradier. Le propos de l’exposition est brillant, montrant par exemple comment le réalisme a imprégné très tôt la représentation des enfants, et sans aucune complaisance, à l’image de Portrait de Louise Vernet enfant (vers 1818) de Théodore Géricault qui orne la couverture du catalogue.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°652 du 28 mars 2025, avec le titre suivant : L’enfance au XIXe, un sujet pour l’histoire de l’art