En matière d’art, le goût humain devrait continuer de pencher du côté de la production humaine, quelles que soient les performances de l’intelligence artificielle.
Actualité de la recherche. Malgré les progrès actuels de l’intelligence artificielle, certains spécialistes estiment que les machines ne pourront jamais égaler la complexité humaine. Lors d’une conférence « TEDx » organisée en avril 2022 par une fondation américaine à but non lucratif, Alexandr Wang, le fondateur de Scale AI, entreprise spécialisée dans l’intelligence artificielle (IA), a rappelé que l’intelligence des machines reposera toujours sur ses créateurs. « Pour fonctionner, l’IA a aussi besoin de données. Or, pour s’assurer que ces données sont précises, l’expertise humaine est souvent requise », a-t-il ajouté. Car seuls les humains peuvent comprendre le contexte et les nuances pour choisir les données servant à alimenter ces algorithmes.
Mais l’IA pourra-t-elle être développée au point d’atteindre cette sensibilité et de s’autogérer, voire de « s’auto-créer » ? Pas selon Anna Korhonen, linguiste et directrice du Centre pour l’intelligence artificielle inspirée par l’homme (CHIA) de l’Université de Cambridge. « D’un point de vue technique, le battage médiatique actuel autour d’une IA plus intelligente que l’homme ou qui prendrait le pouvoir n’est pas fondé », explique-t-elle dans un texte publié en avril 2023. Ce qui rend unique l’être humain, sa capacité à faire preuve d’empathie ou à reproduire l’expérience humaine du monde social et physique, restera absent de l’intelligence artificielle pour longtemps. « Si je ne peux pas affirmer que les machines ne seront jamais plus intelligentes que les humains, je peux dire catégoriquement qu’il n’y a aucune trace de conscience dans les mécanismes d’IA actuellement disponibles ou à l’horizon de nos recherches. »
Mais que l’IA atteigne ce niveau de développement ou non n’est peut-être pas le critère déterminant. Dans une tribune publiée sur le site du magazine américain Wired en mars 2023, le professeur d’économie politique internationale Krzysztof Pelc estime que le goût humain penchera toujours du côté de la production humaine. L’IA contribuera à l’évolution des critères d’appréciation de l’art, mais en faveur des artistes en chair et en os. « Nous exigerons des œuvres qu’elles puissent être attribuées à une vision individuelle identifiable, poursuit-il. La révolution de l’IA suscitera une nouvelle élévation de l’“authenticité” de la part du public. » L’ère de l’intelligence artificielle conduira selon lui à une mise en valeur des éléments biographiques, ce dont les robots sont dépourvus, tout en contribuant à rendre l’art humain plus précieux.
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Rien n’indique que l’intelligence artificielle surpassera un jour l’homme
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°625 du 19 janvier 2024, avec le titre suivant : Rien n’indique que l’intelligence artificielle surpassera un jour l’homme