Un journaliste aux commandes du ministère de la Culture italien

Italie. Le règne de Dario Franceschini s’achève. L’emblématique ministre de la Culture italien occupait son poste depuis près d’une décennie. Gennaro Sangiuliano lui succède. À un intellectuel ou à un politicien chevronné, Giorgia Meloni a préféré un journaliste connu pour ses affinités politiques avec la droite radicale. Fratelli d’Italia, le parti vainqueur des élections législatives, promettait pourtant de « réaliser un système de remplacement des fonctionnaires au ministère de la Culture pour garantir la transparence, le mérite, et non l’appartenance idéologique ».

« La tradition du journalisme italien est politique », revendique Gennaro Sangiuliano, Napolitain de soixante ans. Dans sa jeunesse, il a milité au sein du Mouvement social italien (MSI), fondé en 1946 par des partisans de Benito Mussolini. « Un parti pris limpide et exhibé est certainement plus honnête qu’une sournoise impartialité », se défend-il. Après des études de droit et d’économie, Gennaro Sangiuliano choisit la carrière journalistique. La presse écrite d’abord au sein des quotidiens Roma, L’Opinone del Mezzogiorno et L’Indipendente avant d’intégrer la télévision publique en 2003. Il est envoyé spécial en Bosnie, au Kosovo et en Afghanistan, puis rentre à Rome pour gravir les échelons de la télévision publique. Depuis 2018, il dirige le journal télévisé de Rai2 suscitant quelques polémiques pour sa trop grande proximité avec la Ligue de Matteo Salvini.

Plus que son visage rond chaussé d’épaisses lunettes noires, beaucoup d’Italiens connaissent ses ouvrages à succès. Passionné par l’histoire contemporaine, il a multiplié les biographies obtenant pour certaines d’entre elles des prix journalistiques et littéraires : Giuseppe Prezzolini : l’anarchiste conservateur (2008), Poutine. La vie d’un nouveau tsar (2015), Hillary. La vie d’une dynastie américaine (2016), Trump. La vie d’un président contre tous (2017) et, en 2019, Le nouveau Mao – Xi Jinping consacré au président de la République populaire de Chine. Une bibliographique qu’il enrichira bientôt d’un volume consacré au président turc Erdogan.

« Je me suis toujours nourri de culture et je suis fier de posséder une bibliothèque de 15 000 livres », a déclaré Gennaro Sangiuliano à peine nommé. Il en faudra plus pour faire oublier la célèbre phrase du ministre de l’Économie de Silvio Berlusconi estimant qu’« on ne mange pas avec la culture ». Elle est souvent brandie pour fustiger les maigres propositions des programmes des coalitions de droite en la matière. « Je voudrais commencer mon activité par deux grandes expositions, promet le nouveau ministre. Une sur Umberto Boccioni et le Futurisme. L’autre sur la Renaissance. » Gennaro Sangiuliano annonce déjà son intention d’appliquer à la lettre le programme de Giorgia Meloni qui prévoit la « création d’un nouvel imaginaire italien », une « lutte contre la “cancel culture” », une réforme du Fonds unique pour le spectacle (FUS), tout comme une simplification de la bureaucratie liée aux financements publics. Fin connaisseur du secteur audiovisuel, il veut mieux « utiliser le cinéma, les réseaux sociaux et les séries télé ». Un petit écran qui reste la principale source d’information et d’accès à la culture pour la grande majorité des Italiens.