Italie - Art moderne

EXPOSITION

Le naufrage annoncé de la prochaine exposition sur le futurisme en Italie

Par Olivier Tosseri, correspondant en Italie · Le Journal des Arts

Le 7 octobre 2024 - 461 mots

ROME / ITALIE

La préparation de la grande rétrospective sur le mouvement à la Galerie nationale d’art moderne, à Rome, est chaotique.

Rome (Italie). Certains quittent le navire, d’autres se demandent s’ils ont vraiment été autorisés à monter à bord. Une chose est sûre, la grande exposition sur le futurisme qui doit être inaugurée le 30 octobre prochain, à la Galleria Nazionale d’Arte Moderna (GNAM) de Rome prend l’eau de toute part. C’est à un naufrage annoncé que se préparent ceux qui ont été plus ou moins officiellement impliqués dans ce projet voulu par l’ancien ministre de la Culture, Gennaro Sangiuliano. Une exposition gigantesque de 650 œuvres à l’origine qui en comptera finalement moins de 400. Des coupes sèches du budget décrétées sans justification, mais surtout sans en avertir ni les curateurs ni le comité scientifique dont tous les membres n’ont pas reçu de lettre de mission du ministère qui ne l’a pas institué officiellement. D’autres membres de premier plan, dont le co-curateur Alberto Dambruoso, ont été évincés au dernier moment sans explications. Sans oublier le chaos le plus total concernant les demandes de prêts d’œuvres aux différents collectionneurs privés et institutions publiques. Inutile de préciser que la rédaction du catalogue, dont la publication a été confiée sans appel d’offres à la maison d’édition Treccani qui n’est pas spécialisée dans ce domaine, n’en est encore qu’aux titres de la couverture…

En décembre 2023, celui qui vient tout juste de démissionner de son poste de titulaire du ministère italien de la Culture (MIC) annonçait en grande pompe son désir d’une grande rétrospective sur le plus important mouvement artistique italien du XXe siècle. Son intention à peine voilée de réhabiliter une avant-garde dont l’image avait souffert par le passé de l’adhésion au fascisme de certains de ses plus éminents représentants. Aux yeux des historiens de l’art transalpins, l’intention du ministre ressemblait surtout à un combat d’arrière-garde tant la recherche scientifique a permis de jeter un regard critique bien plus mesuré. Gennaro Sangiuliano qui n’hésitait pas à présenter cette exposition comme « la plus attendue de 2024 » semblait oublier la multiplication, ces dernières années, des rétrospectives sur le futurisme à commencer par celle de 2008 organisée au Centre Pompidou pour le centenaire de sa naissance.

Les appels pour que le tout nouveau ministre de la Culture, Alessandro Giuli, renonce à cette exposition à la GNAM se multiplient dans la presse spécialisée italienne. « Arrêtons tout, nous nageons dans la pagaille la plus totale et nous risquons une honte internationale », prévient Massimo Duranti, spécialiste du sujet. « Cette exposition relève du charlatanisme, renchérit l’expert du futurisme, Andrea Baffoni. Je préfère me tenir à l’écart de ce navire délabré. » Qui risque maintenant de sombrer avec ce qui devait être un des grands héritages du passage de Gennaro Sangiuliano au ministère de la Culture.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°640 du 4 octobre 2024, avec le titre suivant : Le naufrage annoncé de la prochaine exposition sur le futurisme

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