Art Contemporain - « Je est un autre », a écrit un poète fulgurant du XIXe siècle.
Prenant le contrepied du diktat contemporain à l’authenticité, l’impératif de « devenir soi », l’exposition « Mascara.des ! » célèbre l’art du masque et du jeu de rôle. Six artistes se présentent en maîtres de cérémonie à la rencontre des démons japonais (les yokais) ou en DJ mixant l’univers des contes pour enfants avec des préoccupations d’adultes. À l’instar de l’excentrique Messieurs Delmotte, on peut être nombreux à cohabiter sous un même soi. Se croisent dans l’œuvre de ce dandy belge à l’élégance androgyne les figures d’Andy Warhol, d’une Blanche-Neige au visage de Simplet, de Tintin et sa sœur jumelle. Dans ses dessins au crayon gras surchargés de texte, Dominique Théâte orchestre la collision entre la sensuelle Barbarella et Barbe Bleue. L’artiste, belge aussi, se représente en une version revisitée du catcheur Hulk Hogan, devenant « Domini’Hick, soi-disant catcheur, maigre musclé ». Les tuniques pailletées du Lillois Romuald Jandolo constituent la rencontre improbable entre les robes cagoules des criminels du Ku Klux Klan et l’ambiance débridée des discothèques « gaies ». Face à une haine de l’autre sans retenue aujourd’hui, rien ne vaut une arme de dérision massive ! Dans une longue vitrine, une sélection d’ouvrages du Centre des livres d’artistes de Saint Yrieix-la-Perche rappelle combien cette pratique est constitutive de la démarche artistique. Dans cette « mini-généalogie du travestissement », Cindy Sherman côtoie Luciano Castelli, Michel Journiac voisine avec Yoko Ono et Dieter Roth dialogue avec General Idea. Une exposition réjouissante et salutaire.
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De l’art d’être multiple
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°784 du 1 avril 2025, avec le titre suivant : De l’art d’être multiple