Italie - Politique

POLITIQUE CULTURELLE ITALIENNE

Alessandro Giuli prend les rênes de la Culture

Par Olivier Tosseri, correspondant en Italie · Le Journal des Arts

Le 18 septembre 2024 - 631 mots

Gennaro Sangiuliano a démissionné du ministère italien de la Culture. Son successeur est lui aussi ancien journaliste et proche de Giorgia Meloni.

Rome. « Un ministre démissionne, bon travail au nouveau ministre ! », avait sèchement commenté Giorgia Meloni, désirant au plus vite clore le scandale qui avait poussé son ministre de la Culture à démissionner. La présidente du Conseil italien aurait pu honorer le pontifiant Gennaro Sangiuliano d’une plus savante locution latine : sic transit gloria mundi (« ainsi passe la gloire du monde »), pour celui qui fut l’un des membres du gouvernement italien à jouir de la plus grande notoriété. Son bilan reste pourtant maigre, entre ses incantations à mettre un terme à « l’hégémonie culturelle de la gauche », une énième réforme pour réorganiser le ministère de la Culture autour de quatre départements et une série de gaffes qui ont fait les délices des médias. Elles étaient à chaque fois l’occasion pour l’opposition de réclamer sa démission. Il aura fallu pour cela une pantalonnade. Gennaro Sangiuliano n’a pas su se dépêtrer d’une affaire d’adultère avec une influenceuse qui avait secrètement filmé ses déambulations sous les ors du ministère au moyen de lunettes connectées et des conversations avec sa femme.

Giorgia Meloni l’a remplacé au pied levé par Alessandro Giuli, ancien journaliste comme son prédécesseur qui n’a jamais caché son amitié et son admiration pour la présidente du Conseil. Une proximité qui lui avait permis d’être nommé en 2022 président de la Fondation Maxxi, le Musée national des arts du XXIe siècle de Rome. Ce romain âgé de 49 ans est un habitué des plateaux de télévision sur lesquels il exerce avec plus de flegme et moins d’excès que les autres ténors de la droite mélonienne ses talents de polémiste. C’est pourtant sa plume plus que sa verve qui en a fait l’un des principaux acteurs de la scène médiatique et culturelle transalpine. Ce fils de syndicaliste s’engage, adolescent, au sein d’un mouvement néofasciste avant de rapidement prendre ses distances avec la violence. Le jeune Giuli entame des études de philosophie à l’université de Rome La Sapienza, études qu’il n’achèvera pas. Cela n’empêche pas cet autodidacte talentueux d’entamer une brillante carrière journalistique au tournant des années 2000. Il travaille comme rédacteur pour le quotidien Il Foglio, fondé par Giuliano Ferrara, et se fait remarquer pour ses analyses politiques, ses opinions culturelles souvent à contre-courant et ses provocations intellectuelles. Il se hisse rapidement au poste de rédacteur en chef adjoint (en 2008), puis de corédacteur en chef (en 2017). Parallèlement il collabore avec d’autres journaux italiens dont Libero, Il Tempo, Linkiesta et le Corriere dell’Umbria, devenant l’un des noms les plus connus du journalisme de droite. Une droite libérale et conservatrice qui prend ses distances avec ses franges les plus radicales. Il développe ses idées dans plusieurs ouvrages mettant en exergue son intérêt pour la philosophie, la politique et l’identité culturelle. L’un d’eux, publié en 2007, est entièrement consacré à la droite post-fasciste italienne. Dans son dernier livre, Gramsci is alive, (éd. Rizzoli, 2024), il ne cache pourtant pas son admiration pour l’intellectuel communiste.

Revenir à une conservation préventive et planifiée

Le tout premier dossier du nouveau locataire du ministère de la Culture fut l’organisation les 19 et 20 septembre du « G7 de la Culture » présidé par l’Italie. Après les ministères de Dario Franceschini et Gennaro Sangiuliano, qui ont surtout insisté sur une valorisation économique du patrimoine, il sera nécessaire de revenir à une conservation préventive et planifiée. Une tâche d’autant plus difficile que le budget de la Culture est de nouveau rogné et qu’il fonctionne en sous-effectifs, comme d’ailleurs la plupart des musées et des surintendances du pays. Sans oublier le tourisme de masse qui submerge ces dernières années la Péninsule et met en péril la protection de son patrimoine et de ses villes d’art.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°639 du 20 septembre 2024, avec le titre suivant : Alessandro Giuli prend les rênes de la Culture

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