Le musée parisien détient un bas-relief de l’église San Nicola d’Avezzano. Sa destruction dans un séisme en 1915 a transformé ce fragment en symbole d’une mémoire historique et artistique.

Avezzano (L’Aquila, Abruzzes). En dépit de ses modestes dimensions, cet élégant bas-relief médiéval en pierre calcaire revêt une très forte importance symbolique pour la région des Abruzzes. À tel point que le ministère de la Culture italien soutient les communautés locales dans leurs efforts pour que le Musée du Louvre le restitue. Il est en effet actuellement visible dans la salle 160 de l’aile Denon. Ce fragment de linteau à décor de rinceau d’environ 50 cm de haut et un peu moins d’un mètre et demi de long provient du portail principal de l’église San Nicola, à Avezzano dans la province de L’Aquila. Il a été sculpté au tout début du XIIIe siècle et ornait l’édifice religieux désaffecté en 1874 puis détruit par un tremblement de terre en 1915. Comme l’indique la fiche de l’œuvre consultable sur le site du Louvre, on retrouve la trace de ce bas-relief à la « Galerie Edgar Altounian, Paris, en 1935 ». Il aurait « vraisemblablement [été] acquis dans le commerce d’art parisien pendant l’Occupation pour le “Kunstgewerbemuseum” de Düsseldorf. Transféré en France par le 2e convoi de Düsseldorf (n° allemand 1941-110). Attribué aux Musées nationaux, département des Sculptures du musée du Louvre (arrêté du 13 août 1951). Déposé au centre culturel de l’abbaye de Sénanque de 1970 à 1983. Rentré au Louvre le 21 décembre 1983. »
En 2019, Flavia De Sanctis, présidente de l’Associazione culturale Antiqua et directrice du pôle muséal d’Avezzano, dénonce auprès des carabiniers la disparition de cet élément qu’elle juge « représentatif de la mémoire historique de la ville détruite par le séisme et pillée ». Depuis, elle réclame sa restitution. Le ministre de la Culture Alessandro Giuli est sensible à cette requête qui avait déjà été soutenue par son prédécesseur.
En février 2023, Gennaro Sangiuliano a rencontré la présidente-directrice du Louvre, Laurence des Cars, pour discuter du retour en Italie d’une demi-douzaine d’œuvres à la provenance problématique dans les collections du musée. Des enquêtes menées par des archéologues avaient abouti à l’identification de vestiges antiques acquis entre 1982 et 1998 par le musée parisien. Ces pièces sont liées aux marchands d’antiquités italiens Giacomo Medici et Giovanni Franco Becchina, condamnés pour trafic illicite d’antiquités grecques, romaines et étrusques. Le bas-relief médiéval d’Avezzano figure parmi ces œuvres litigieuses. « Je considère que [les œuvres] dont la provenance est douteuse sont une tache dans les collections du Louvre. Nous devons examiner ces cas avec rigueur et lucidité », avait alors déclaré Laurence des Cars. Des propos qui avaient suscité des espoirs, espoirs depuis déçus. En 2024, des sénateurs des Abruzzes ont demandé à Alessandro Giuli qu’il relance la demande de restitution tandis que l’affaire a été portée devant le Parlement italien en février 2025. Sollicité, le Louvre précise que « cette œuvre n’a pour l’instant fait l’objet d’aucune demande de restitution. Laurence des Cars est très attentive aux questions de provenance des collections et un dialogue très constructif est ainsi ouvert avec les autorités italiennes sur d’autres demandes ».
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Une petite commune italienne veut récupérer un bas-relief conservé au Louvre
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°651 du 14 mars 2025, avec le titre suivant : Une petite commune italienne veut récupérer un bas-relief conservé au Louvre