ROME / ITALIE
Gennaro Sangiuliano a démissionné éclaboussé par une liaison avec une influenceuse. Il est remplacé par Alessandro Giuli.
« Un ministre démissionne, bon travail au nouveau ministre ». Giorgia Meloni commente sans émotion le départ du titulaire du ministère de la Culture. De sentiment, il en était pourtant question dans cette affaire qui a embarrassé en cette fin d’été le gouvernement Italien et agité le ministère. Gennaro Sangiuliano a remis sa démission entre les mains de la présidente du conseil vendredi 6 septembre. Giorgia Meloni l’avait précédemment refusée mais la pression était trop forte malgré le mea culpa qu’elle avait imposé à son ministre l’avant-veille.
Gennaro Sangiuliano s’était soumis à une séance d’humiliation publique en plein journal télévisé de Rai 1. Sanglotant, il reconnaissait avoir entretenu « une relation sentimentale » avec Maria Rosaria Boccia, l’influenceuse qui l’accompagnait dans presque tous ces déplacements ces derniers mois. Il avait songé un temps la nommer conseillère chargée des grands événements à titre gratuit, avant de renoncer à cette promotion le 26 août et prendre ses distances avec elle. Déçue, la femme de 41 ans inondait depuis les réseaux sociaux de témoignages sur leur relation.
Le scandale n’avait dès lors cessé d’enfler l’opposition et les médias demandant des explications sur le coût que cette relation avait pu constituer pour le budget du ministère. Mais la principale inquiétude demeurait l’éventualité que la maîtresse du ministre ait pu avoir accès à des dossiers réservés notamment en vue du G7 Culture, qui devait se tenir du 18 au 20 septembre à Pompéi avant d’être finalement déplacé à Naples.
Lors de son exercice de contrition télévisuelle, le ministre s’est excusé auprès de Giorgia Meloni et de ses collaborateurs de l’embarras causé par la légèreté de son comportement. Il brandissait également les extraits de ses comptes bancaires pour assurer qu'il avait payé personnellement toutes les dépenses liées aux divers déplacements de Maria Rosaria Boccia en sa compagnie, et que pas un seul euro public n'avait été dépensé.
L’humiliation de Gennaro Sangiuliano s’est révélée insuffisante. Son audacieuse accompagnatrice multipliait les entretiens dans la presse apportant la preuve qu’elle avait eu accès à des documents confidentiels. Elle confirmait avoir même enregistré certaines conversations dans les palais du pouvoir au moyen d’une caméra cachée dans ses lunettes. Elle insinuait enfin que le ministre pouvait faire l’objet de chantage. Une éventualité qui met en jeu la crédibilité du gouvernement dans son ensemble.
Giorgia Meloni s’est ainsi résolue à sacrifier son ministre. Une première au sein de son exécutif et ce à moins de deux semaines du G7 des ministres de la Culture que l'Italie préside cette année. Un successeur à Gennaro Sangiuliano a immédiatement été nommé. Il s’agit encore d’un ancien journaliste : Alessandro Giuli né en 1975. Depuis octobre 2022 il occupe le poste de président de la Fondation MAXXI, le Musée national des arts du XXIe siècle de Rome. Tout aussi à l’aise sur les plateaux de télévisions que son prédécesseur, cette ancienne grande plume du quotidien libéral-conservateur Il Foglio et polémiste affiche néanmoins un style bien plus sobre.
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Italie, le ministre de la Culture remplacé sur fond de scandale
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