Madonna suscite la polémique en Italie

Pompéi (Italie). « Conserver ou valoriser? Public ou privé ? » C’est le refrain lancinant chanté sur tous les tons dans le débat public italien concernant le patrimoine culturel et artistique. Il a été une nouvelle fois entonné cet été. En plein cœur de la torpeur estivale, tous les médias ont repris en chœur la même information : la chanteuse Madonna allait fêter ses 66 ans au parc archéologique de Pompéi. Une « méga-fête » avec comme point d’orgue un concert dont elle aurait régalé ses 500 invités en plein milieu de l’amphithéâtre antique privatisé pour l’occasion.

Les démentis de la direction du parc archéologique se sont révélés bien inutiles pour calmer la polémique dont le chef d’orchestre ne pouvait être que Tomaso Montanari. La plume du quotidien Il Fatto Quotidiano, qui a révélé que Madonna allait célébrer son anniversaire à Pompéi, signait un violent éditorial. « Le Patrimoine pour les élites ? » questionnait le titre d’un texte qui fustigeait « la prostitution de nos pierres et donc de notre âme pour permettre aux riches et aux puissants de s’amuser au mépris du travail de ceux qui tentent de préserver les biens culturels ». Il exigeait ainsi du ministre de la Culture, Gennaro Sangiuliano, accusé de suivre l’exemple de son prédécesseur Dario Franceschini, héraut de la valorisation du patrimoine, de se soumettre à la plus totale transparence sur cet événement.

Le directeur du parc archéologique, Gabriel Zuchtriegel, s’en est chargé. Après la fermeture du site au public, il a accompagné la chanteuse pour une visite privée qui n’a pas été marquée par un méga concert mais émaillée de « performances artistiques » et qui s’est achevé par un « rafraîchissement à la fin du parcours » au sein du Teatro Grande pour la poignée de convives aux côtés de la chanteuse. Au cours de sa visite, elle a rencontré un groupe de jeunes du projet « Sogno di Volare ». Un projet de théâtre lié au site de Pompéi, qui en est maintenant à sa quatrième édition, impliquant environ 300 adolescents et enfants de la région de Naples. Madonna a fait un don de 250 000 € soit l’équivalent de son budget annuel.

« Ce n’est pas une star qui a privatisé un parc archéologique, a répondu Gabriel Zuchtriegel à ses détracteurs. Elle a mis au centre de son déplacement l’intérêt général en soutenant un projet essentiel pour la jeunesse locale. La préservation du patrimoine ne peut pas être seulement de le fermer et d’interdire son accès. La préservation active existe. C’est celle qui implique la communauté et suscite des synergies. C’est ce qu’a fait Madonna. »