Disparition d’Agnès de Gouvion Saint-Cyr

Pendant plus de trente ans, l’inspectrice générale pour la photographie au ministère de la Culture et (à l’époque ) de la Communication a régné sur la politique photo de la rue de Valois, jusqu’à son départ à la retraite en avril 2010. Rien pourtant ne prédisposait l’étudiante en danois et en histoire de la danse, née à Paris en 1945, à jouer ce rôle. La rencontre avec Lucien Clergue dans une librairie parisienne, où elle travaillait pendant les vacances, l’a orientée vers un domaine qui se limitait alors à ses connaissances de la photographie anglaise du XIXᵉ siècle, qu’elle avait étudiée à la Sorbonne et à Cambridge. Le photographe lui propose de travailler bénévolement au festival qu’il monte à Arles.

Agnès de Gouvion Saint-Cyr travaillera aux Rencontres d’Arles jusqu’à ce que le ministère de la Culture lui commande un rapport sur l’édition en photographie, avant de la rattacher à ses services en 1976, où elle élabore une politique de soutien à la photographie. En 1989, elle devient également conservatrice des collections de photographie contemporaine au Fonds national d’art contemporain.

« Elle fut la référence ministérielle pendant plus de trois décennies, finançant, labellisant, soutenant projets, livres et expositions en France et dans le monde », rappelle Françoise Denoyelle, historienne de la photographie. Cette position lui vaudra le surnom de la « Papesse de la photographie » et d’être crainte mais aussi critiquée.

« Elle a aidé un nombre incroyable de personnes et notre monde lui doit énormément. À titre personnel, elle m’a toujours soutenu et encouragé », a rappelé Jean-François Leroy, fondateur et directeur de Visa pour l’image, sur Instagram, peu après l’annonce du décès d’Agnès de Gouvion Saint-Cyr à Orange, samedi 15 mars, à l’âge de 80 ans.

Agnès de Gouvion Saint-Cyr a également publié de nombreuses monographies et organisé de multiples expositions en France et à l’étranger, notamment sur Brassaï, dont elle était l’exécutrice testamentaire.