ITALIE
Giorgia Meloni maintient finalement le Bonus Cultura, mais en le réservant aux foyers modestes et en favorisant les bons élèves.
Italie. Valoriser le mérite et l’équité. C’est ainsi que le nouveau gouvernement italien présente, dans son premier budget pour 2023, la réforme du Bonus Cultura. Cette initiative introduite par Matteo Renzi en 2016 avait inspiré de nombreux pays européens dont la France avec son Pass culture. Le chèque culture de 500 euros offert aux jeunes fêtant leurs 18 ans avait suscité de vives critiques de la part de la nouvelle première ministre Giorgia Meloni qui avait un moment envisagé sa suppression. Elle fustigeait la « mentalité d’assisté » d’une mesure qui avait donné lieu à de nombreuses fraudes, tout en voulant réaffecter les 230 millions d’euros qu’il coûte chaque année à l’État à d’autres formes de soutien au monde culturel.
Le monde de l’édition transalpin s’était dressé pour défendre le Bonus Cultura arguant qu’il avait permis à de nombreux jeunes de prendre goût à la lecture. Entre 2016 et 2022, près de 2,5 millions de jeunes de 18 ans se sont inscrits pour en bénéficier. Cela représente une valeur de plus de 1,1 milliard d’euros sur sept années essentiellement utilisées pour l’achat de livres. La part de lecteurs réguliers chez les jeunes est ainsi passée de 46,8 % à 54 %.
« Le Bonus Cultura ne sera pas supprimé mais sera dédoublé », a finalement décidé Giorgia Meloni. Il est maintenu mais la somme de 500 euros ne bénéficiera plus qu’aux enfants des foyers les plus modestes dont l’Indicateur de situation économique (ISEE) est inférieur à 35 000 euros. Cet indicateur permet d’évaluer la situation économique des ménages en prenant notamment en compte le nombre d’enfants, le revenu, la situation patrimoniale. Un autre bonus de 500 euros, cumulable avec le premier, sera alloué aux élèves ayant obtenu leur baccalauréat avec la note maximale.
Ces bonnes intentions de méritocratie et d’équité sociale ne convainquent pas. Dans une déclaration commune, les professionnels du secteur de l’édition réaffirment la nécessité d’un Bonus Cultura à destination de tous les jeunes Italiens, et ce, sans distinction socio-économique. La procédure est trop complexe estiment en outre les associations étudiantes qui insistent sur l’actuelle explosion de l’inflation et le fait que les résultats scolaires ne dépendent pas uniquement du mérite, mais aussi de conditions psychiques et physiques difficilement évaluables. 9,4 % des étudiants ont obtenu cette année leur baccalauréat avec la note maximale et 85 % d’entre eux remplissent les critères socio-économiques imposés pour percevoir les 500 euros.
L’opposition parlementaire au gouvernement Meloni dénonce de son côté des économies dérisoires. « Pourquoi donc modifier le dispositif ? », s’interroge ainsi son premier promoteur, l’ancien ministre de la Culture, Dario Franceschini. Son successeur Gennaro Sangiuliano organisera une table ronde pour définir précisément les modalités du nouveau Bonus Cultura. « Le limiter est une grave erreur culturelle, affirme Giuseppe Laterza, l’un des principaux éditeurs du Bel Paese. Il a permis à des milliers de jeunes de se rapprocher du monde du livre, a permis à un pays qui traditionnellement lit peu de faire d’énormes progrès et a soutenu économiquement un secteur qui emploie 70 000 salariés. Le mois dernier le marché s’est contracté de 8 %. Nous traversons un moment difficile. Je ne peux que déplorer l’absence de vision d’avenir de notre classe dirigeante. Un pays où on lit plus est un pays où on vit mieux. »
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La réforme du « Pass culture » italien fait polémique
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°602 du 6 janvier 2023, avec le titre suivant : La réforme du « Pass culture » italien fait polémique