PARIS
Dans les priorités fixées par Élisabeth Borne pour la culture, les enjeux du moment (l’Ukraine, la transition écologique) n’ont pas vraiment de traductions concrètes.
France. Les reproches formulés cet été à Emmanuel Macron sur le manque de cap et la nouvelle donne parlementaire ont incité le gouvernement à organiser un séminaire, le 30 août, afin de fixer les grandes orientations d’Élisabeth Borne. Fort logiquement, les conséquences de la guerre en Ukraine sur la situation économique et l’urgence climatique, dont une partie grandissante de l’opinion a pris conscience avec les grandes chaleurs de cet été, sont mises en exergue sans que les traductions en actions soient vraiment visibles dans le domaine culturel.
Ainsi est rappelée la nécessité de changer de paradigme pour concilier la protection du patrimoine et la transition écologique, mais aucunes mesures spécifiques ne sont évoquées. En revanche, un (énième) plan national des métiers d’art est annoncé. De même, la feuille de route pointe un recul de la fréquentation des lieux culturels après la pandémie (le cinéma n’est pas mentionné, mais il est dans toutes les têtes) sans expliquer comment la Rue de Vallois va y remédier.
Le document alloue une place inhabituellement large à la guerre de l’information – à l’heure du numérique –, sans doute relancée par l’invasion russe en Ukraine et mentionne des États généraux pour le droit de l’information. On sait que c’est un sujet cher au président de la République, de même que l’Éducation artistique et culturelle (EAC). Il a lui-même annoncé l’extension de la partie collective du Pass culture dès la sixième, montrant par là combien ce dernier est devenu un pilier de l’EAC.
Enfin, la feuille de route fait la part belle à la diplomatie culturelle et à la diversité. Elle confirme une loi-cadre sur les restitutions, ce qui ne manquera pas de rouvrir le front avec les sénateurs, au moment même où la Première ministre appelle à un changement de méthode de l’exécutif par davantage de co-constructions avec la société civile et les parlementaires. C’est cependant cette méthode participative qui est mise en œuvre pour la future « Maison des mondes africains ». Annoncé lors du Sommet Afrique-France en octobre 2021 à Montpellier, ce projet a fait l’objet d’une consultation en ligne cet été.
Il faudra attendre encore quelque temps avant d’en savoir plus sur l’« Institut France-Algérie » qui s’inscrit dans le sillage de la visite du président en Algérie, fin août. Le document fait également état d’un bien mystérieux programme de diversification (on imagine diversité sociale et ethnique) des professionnels de la culture, sans autres précisions. Ce document a dû sans doute être rédigé très rapidement, mêlant les missions habituelles du ministère et les nouveaux chantiers. On en saura plus lors de la présentation du budget 2023 dans quelques semaines.
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La feuille de route du ministère de la Culture prend l’air du temps
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°594 du 9 septembre 2022, avec le titre suivant : La feuille de route du ministère de la Culture prend l’air du temps