Politique culturelle. La fin de l’abondance n’a pas encore atteint l’argent public donné à la culture.
Les vannes restent aussi ouvertes que le gazoduc Nord Stream 1 l’était avant la guerre de Poutine. On se réjouit pour la culture, un peu moins pour l’état des finances publiques.
Mis à part l’augmentation significative des crédits de paiement qui envoie un signal fort, ce projet de budget est peu « lisible ». Comme bien souvent avec les budgets publics contraints par un effet de taquet (la reconduction d’une grande partie des lignes budgétaires), seuls les moyens supplémentaires apportent des clefs de lecture. Or ceux-ci sont répartis à peu près dans les mêmes proportions dans toutes les catégories.
On distingue cependant trois tendances portées par la conjoncture. La première, et sans doute la plus importante, est un renforcement de la politique de la demande à travers le Pass culture et l’Éducation artistique et culturelle dont les crédits de paiement sont tels qu’ils commencent sérieusement à peser sur la consommation culturelle. Alors que les Français n’ont pas entièrement retrouvé le chemin des cinémas, théâtres et musées au sortir de la pandémie, l’inflation qui pèse sur le pouvoir d’achat risque d’inciter beaucoup de ménages à arbitrer au profit des dépenses indispensables et au détriment de la consommation culturelle dont l’offre reste très abondante.
La seconde est la prise en compte de l’impact vertueux des travaux de restauration du patrimoine, que ce soit des cathédrales ou du petit patrimoine local. Ces chantiers ont de multiples externalités positives, sur l’urbanisme et le cadre de vie, sur le tourisme, et sur l’emploi. Malheureusement, ici comme dans beaucoup de secteurs, on manque de main-d’œuvre, d’artisans spécialisés pour répondre à la demande.
Dans le même esprit, le budget fait la part belle à la rénovation énergétique des bâtiments des écoles d’art, qui bénéficient de la plus forte augmentation en pourcentage. C’est aussi un investissement dans l’avenir en offrant de bonnes conditions d’études aux futurs créateurs.
Pour toutes ces raisons qui ont l’assentiment d’une bonne partie de la classe politique, le projet de budget de la culture pourrait trouver une majorité au Parlement. Mais peut-être que le gouvernement devra donner quelques gages sur sa droite qui a souvent critiqué l’argent donné sans contrôle au spectacle vivant et à la création, en rabotant quelques augmentations comme, par exemple, le dispositif de soutien à l’emploi du plateau artistique de spectacles vivants (FONPEPS).
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Que retenir du projet de budget pour la culture ?
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°596 du 7 octobre 2022, avec le titre suivant : Que retenir du projet de budget pour la culture ?