Environnement - Politique

Éditorial

La planification écologique dans la culture

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 9 octobre 2023 - 362 mots

Écologie. Critiquée par les uns car pas assez audacieuse, vilipendée par d’autres car trop contraignante, la planification écologique présentée par le gouvernement le 26 septembre dernier a au moins le mérite d’un discours clair et d’une méthode.

Une foule de visiteurs devant la Victoire de Samothrace au Musée du Louvre. CC0 Public domain, 2017
Une foule de visiteurs devant la Victoire de Samothrace au Musée du Louvre.

Au triple enjeu que sont les gaz à effet de serre (GES), la biodiversité et l’eau répondent un diagnostic chiffré, des objectifs et des moyens concrets pour y parvenir.

Le ministère de la Culture a érigé, dans la présentation de son projet de budget pour 2024, la transition écologique comme « priorité absolue ». Mais pour ce faire, il serait pertinent de décliner la planification nationale au niveau du secteur culturel afin d’entrer enfin dans le concret. Jusqu’à présent, la transition écologique dans ce secteur relève surtout du discours et de l’expérimental. Après s’être attaqués au plus facile – le recyclage, l’élimination progressive du plastique –, les lieux culturels commencent tout doucement à s’intéresser à leur bilan carbone. Certains bricolent dans leur coin une calculette pour mesurer leurs émissions de CO2 ; d’autres tentent d’améliorer leur isolation thermique afin de réduire leur consommation d’énergie ; d’autres enfin remploient tout ou partie des dispositifs scénographiques précédents. Tout cela est estimable mais imprécis et empirique.

Quelle est la part du secteur culturel dans les émissions de GES, la bétonisation des sols et la consommation d’eau ? Avant de stigmatiser les transports d’œuvres d’art en avion (2,8 % des GES), commençons par avoir une mesure un peu scientifique de ces trois paramètres, puis donnons-nous des objectifs de réduction dans le temps, tout en organisant mieux le partage des expériences pour y parvenir.

Parmi toutes les questions qui devront être tranchées, l’une des plus épineuses est celle de l’empreinte carbone des visiteurs. La raison d’être des lieux d’art est d’accueillir du public qui va dépenser de l’énergie carbonée pour venir. La question concerne également les visiteurs virtuels : l’énergie et l’eau utilisées pour faire marcher et refroidir les serveurs informatiques sont loin d’être dérisoires. Cet immense travail a un bénéfice indirect : celui de questionner la pertinence des lieux (faut-il protéger tout le patrimoine du XXe siècle ?) et des propositions culturelles. Car il faudra bien financer la transition écologique en faisant des économies sans brider la culture.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°618 du 6 octobre 2023, avec le titre suivant : La planification écologique dans la culture

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