Italie - Tourisme

SITE ARCHÉOLOGIQUE

Pompéi limite le nombre de ses visiteurs

Par Olivier Tosseri, correspondant en Italie · Le Journal des Arts

Le 2 décembre 2024 - 615 mots

POMPÉI / ITALIE

Le directeur du site instaure une jauge de 20 000 visiteurs par jour afin de contenir les conséquences de la surfréquentation.

Touristes sur le forum de Pompéi, le Vésuve en arrière-plan. © Deror Avi, 2016, CC BY-SA 4.0
Touristes sur le forum de Pompéi, le Vésuve en arrière-plan.
Photo Deror Avi

Pompéi (Italie). Les sites culturels les plus emblématiques de la péninsule sont submergés par des vagues de touristes et chacun tente différemment d’endiguer ces flux qui les mettent en péril. Venise a instauré certains jours une taxe d’entrée pour visiter son centre historique alors que Rome fera bientôt payer l’accès à la fontaine de Trevi. Pompéi en revanche a décidé d’instaurer une jauge. Depuis le 15 novembre dernier, 20 000 visiteurs par jours sont autorisés à pénétrer sur le parc archéologique, arpenté l’an dernier par près de 4 millions de touristes. Une fréquentation en hausse de 30 % qui dépasse celle d’avant la pandémie et qui hisse le site juste derrière le Colisée dans la liste de ceux qui sont le plus visités en Italie. Un succès qui met désormais en cause sa conservation. « Cette jauge répond essentiellement à des raisons de sécurité, aussi bien des visiteurs que du personnel, mais aussi à la protection du patrimoine, explique son directeur général Gabriel Zuchtriegel. Vu que la saison basse commence, nous avons la possibilité d’expérimenter cette mesure. Nous voulons garantir à tous les visiteurs une expérience de qualité, ça ne doit jamais être un tourisme de masse, la qualité doit toujours être au centre. »

Gabriel Zuchtriegel, qui s’apprête à achever son premier mandat à la tête du parc archéologique de Pompéi, s’est fixé comme priorité sa « croissance durable ». Il bénéficie de plus de 100 millions d’euros d’investissements entre 2024 et 2026 dont 25 millions d’euros déjà prévus pour son fonctionnement. Ils ont permis l’ouverture d’un nombre record de 28 chantiers de fouilles actuellement sur le site d’une superficie de 22 ha environ. Onze autres chantiers sont sur le point d’être lancés et d’autres sont à l’étude. « Plus de chantiers et moins de touristes » pourrait être le nouveau mantra de Gabriel Zuchtriegel qui espère que la jauge qu’il vient d’instaurer offrira l’occasion de valoriser d’autres sites culturels limitrophes. À terme, son intention demeure néanmoins d’agrandir la zone pouvant être visitée à Pompéi pour pouvoir accueillir plus de visiteurs dans de meilleures conditions. Cela « permettra à court terme, j’en suis convaincu, de revoir ce chiffre de 20 000 visiteurs qui est, je répète, expérimental, précise-t-il, et de décider si nous devons l’ajuster en fonction d’une situation en évolution constante ».

La recherche génétique réécrit l’histoire des victimes de Pompéi  


ADN. Ce sont les vestiges à la fois les plus saisissants et les plus émouvants de la catastrophe. Les moulages des corps des victimes de l’éruption du Vésuve qui a détruit, en l’an 79, la cité romaine. Ils ont été réalisés au XIXe siècle pour la plupart et beaucoup d’hypothèses avaient été élaborées sur leurs derniers instants, en fonction de la position des corps et du contexte de leur découverte. Des analyses génétiques ont été effectuées par une équipe des universités de Harvard et de Florence à partir de fragments d’os extraits des moulages des corps de quatorze habitants de la cité antique. Elles ont permis de corriger ce que l’on considérait jusqu’ici comme des évidences. Les deux corps enlacés ne sont pas ceux de sœurs comme on le pensait mais au moins l’un des deux est celui d’un homme. La personne portant un bracelet en or et tenant dans ses bras un enfant n’était pas sa mère mais un homme sans aucun lien de parenté. Plus généralement, l’ADN a révélé que les quatorze individus analysés descendaient principalement de migrants en provenance de la Méditerranée orientale. Une nouvelle preuve du cosmopolitisme de la région de Pompéi au centre d’importants échanges culturels et de fréquents déplacements de population.

Thématiques

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°644 du 29 novembre 2024, avec le titre suivant : Pompéi limite le nombre de ses visiteurs

Tous les articles dans Patrimoine

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque