Venise, le péage sera mis en place le 25 avril

Venise (Italie). Longtemps annoncée, elle sera désormais bientôt effective : une taxe d’entrée dans le centre historique de Venise sera demandée aux touristes journaliers. La décision avait été prise l’automne dernier pour conjurer la menace de l’Unesco d’inscrire la ville croulant sous le tourisme de masse (25 à 30 millions de touristes en moyenne par an) sur sa liste du patrimoine mondial en péril. « Il est nécessaire de réguler les flux touristiques à certaines périodes, mais cela ne signifie pas fermer la ville, a rassuré le maire Luigi Brugnaro. Venise sera toujours ouverte à tous. » On ne peut que le croire tant cette mesure comporte d’exemptions : elle ne s’applique qu’à Venise et non aux îles, et n’impose aucune limitation du nombre de visiteurs pour l’instant. Les résidents de la région Vénétie ainsi que leurs proches parents, les étudiants, les enfants de moins de 14 ans, les personnes nécessitant des soins ou encore les touristes qui passent la nuit sur place en seront dispensés.

Depuis le 16 janvier, le site Internet qui permet de s’acquitter de cette taxe de 5 euros est accessible. Un péage qui ne concernera qu’une trentaine de jours par an, ceux au cours desquels le flux touristique est trop important. Le calendrier est désormais connu. La taxe entrera en vigueur le 25 avril prochain et sera appliquée jusqu’au 5 mai, les week-ends des mois de mai et juin, et certains week-ends de juillet (6-7 et 13-14 juillet), entre 8 heures 30 et 16 heures. Une fois la date de leur visite enregistrée sur le site ils recevront un QR code pour sésame.

Huit points d’accès de la ville seront dotés de tourniquets tandis que des contrôles aléatoires seront effectués par une agence spécialisée qui pourra être épaulée par des agents municipaux. Les contrevenants s’exposent à une amende allant de 50 à 300 euros. Les exemptés se justifieront en montrant leur réservation d’hôtel.

Simone Venturini, le conseiller municipal chargé du tourisme, réfute toute volonté pécuniaire arguant plutôt de la recherche d’un « nouvel équilibre entre les droits de ceux qui vivent, étudient ou travaillent à Venise, et ceux qui visitent la ville ». Le coût de la phase d’expérimentation de la taxe est estimé à environ 3 millions d’euros pour des recettes qui ne dépasseront pas les 700 000 euros.

« Cette taxe est une mesure de façade », fustigent ses détracteurs qui soulignent qu’elle ne répond en rien aux injonctions de l’Unesco de promouvoir une gestion plus durable du tourisme. L’été dernier l’agence des Nations Unies a alerté sur un risque de dommages « irréversibles » pour Venise et sa lagune. « Cette mesure n’est pas une révolution, a reconnu Luigi Brugnaro. Mais nous la mettrons en œuvre avec beaucoup d’humilité et avec la conscience qu’il peut y avoir des problèmes. Les marges d’erreur sont importantes, mais nous sommes prêts à opérer tous les changements nécessaires pour améliorer le dispositif. »