LIGURIE / ITALIE
Pour réguler les flux , les maires des communes concernées et la présidence de Ligurie plaident pour des mesures différentes.
Dépeuplées jusqu’à la moitié du XXe siècle, les Cinque Terre sont désormais une destination touristique qui accueille trois millions de visiteurs par an (2018). A l’ère du tourisme-internet les photographies très « instagramables » de ces cinq villages entre mer et montagne situés à 1h30 de Gênes attirent des foules de touristes, souvent de passage pour une courte période.
Les images prises lors du dernier week-end pascal et du 25 avril (férié en Italie) ont remis le sujet à l’ordre du jour : « Cinque Terre ou Tokyo ? » s’interrogeait-on sur les réseaux sociaux. Ces images de foules compactes traversant les rues étroites des villages, et rendant les lieux invivables pour leurs habitants, ont décidé Fabrizia Pecunia de prendre des mesures : « Dès demain, nous ne ferons plus descendre du train les touristes » annonçait la maire de Riomaggiore le 30 avril.
Elle espère ainsi éviter les vagues de touristes qui dépassent les capacités d’accueil, mettent en danger depuis des années l’écosystème des Cinque Terre, et occasionnent des problèmes sanitaires comme la surcharge du réseau d’assainissement des eaux. « Ne venez pas dans les Cinque Terre » suppliait également le maire de Vernazza, le samedi précédant le pont du premier mai. Les mesures prises les années précédentes, comme la mise en place d’une « alerte touriste », ayant été inefficaces, les maires songent désormais à des mesures plus drastiques.
L’idée de réguler le nombre de visiteurs fait ainsi son chemin depuis un an, mais se heurte aux réticences de la région Ligurie, pour qui le but est de faciliter les déplacements dans le parc régional des Cinque Terre, et non de les limiter. « Avant de fermer les frontières, essayons de gérer le trafic et les flux internes » a demandé Giovanni Toti, président de la région, le 2 mai dernier.
Il souhaite par exemple réguler les grandes arrivées de touristes en bateau de croisière ou en bus afin d’éviter les surcharges ponctuelles. Quant à la suspension du trafic ferroviaire, telle que demandée par la maire de Riomaggiore, il la considère comme contre-productive : « Le train diminue le trafic de manière efficace. Paradoxalement, si l’on bloque le train Cinque Terre Express, les gens arriveront en bus, en voiture ou par la mer ».
Le délégué au tourisme de la région a également rappelé que l’accord passé entre Trenitalia et le parc représente une manne d’un million d’euros chaque année. Il précise cependant que si les maires souhaitent suspendre le trafic ferroviaire ou instaurer un numerus clausus, ils en ont la pleine capacité.
Pour éviter des décisions hâtives et désordonnées, le président de la région veut convoquer une table ronde qui réunira la région, les cinq maires et le parc. L’affaire est remontée jusqu’au parlement italien, où la député Raffaella Paita (Parti Démocrate) donne raison aux maires inquiets, et demande que la procédure de nomination officielle de la nouvelle présidente du parc, Donatella Bianchi, soit accélérée afin de ne pas freiner les prises de décision.
D’autres voix proposent des solutions plus consensuelles. Ainsi l’association des guides touristiques de Ligurie (AGTL) met en cause la communication uniquement axée sur les Cinque Terre. Selon les guides professionnels, si l’on donne de la visibilité à d’autres sites ligures comme Portovenere, Levanto ou le Golfe des Poètes, les flux pourraient être répartis.
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Le tourisme de masse dans les Cinque Terre bientôt réglementé ?
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