VENISE / ITALIE
La mise en place d’un droit d’entrée à Venise a convaincu le Comité de ne pas suivre les recommandations de l’Unesco.
En juillet dernier, le statut de Venise avait été mis sur la sellette par l’Unesco, qui recommandait l’inscription de la ville sur la liste du patrimoine mondial en péril. Mais, le Comité du patrimoine mondial, réuni à Riyad (Arabie Saoudite) le 14 septembre, a rejeté cette recommandation.
En 2021 Venise avait déjà été menacée d’inscription sur la liste du patrimoine en danger, mais l’Italie avait réussi à éviter de justesse cela en interdisant l’accès des grands navires de croisière dans le canal de la Giudecca et dans le Bassin Saint-Marc.
Cependant, les experts de l’Unesco ont estimé dans un rapport publié le 31 juillet que les mesures prises jusqu’à présent ne sont pas suffisantes et qu’il faut des progrès significatifs pour protéger Venise. Au cœur du problème, la gestion du tourisme de masse, le développement urbain sans études d’impacts, les bateaux à moteur et la fragilité de la lagune.
Le Comité du patrimoine mondial, composé de 21 Etats membres, a donc épargné (temporairement) à Venise ce label déshonorant. Le Japon a ainsi fait valoir les efforts de l’Italie en rappelant la loi visant à bloquer l’entrée des grands navires dans la ville. La redevance d’accès, qui vient d’être votée par le Conseil municipal et qui sera testée dès le printemps 2024, a été perçue par les membres du Comité comme un effort pour tenter de sauver la ville et de limiter le flux des touristes à la journée.
Le maire de Venise, Luigi Brugnaro, présent à Riyad, s’est félicité auprès de la Repubblica de cette décision, qu’il a qualifiée de « reconnaissance des efforts que nous faisons pour sauvegarder Venise ». Il a également dénoncé la demande d’inscription des experts de l’Unesco, qu’il considère « très politique et peu technique ». Le ministre italien de la Culture, Gennaro Sangiuliano, a abondé dans ce sens, affirmant que cette demande était « une manœuvre indue, purement politique et sans ancrage sur des données objectives » et que ces derniers mois, « la municipalité a pris des mesures courageuses pour gérer le tourisme et garantir la protection de l’extraordinaire patrimoine culturel de la ville ».
Mais cette victoire symbolique ne fait pas l’unanimité. Plusieurs associations et conseillers municipaux ont critiqué le vote du Comité du patrimoine mondial, craignant que celui-ci ne soit basé que sur la mise en place du droit d’entrée. Marco Gasparinetti, conseiller municipal et avocat, a déclaré que « la ville est au contraire en plein désarroi » et que « la mesure sur la contribution d’accès est une feuille de vigne pour essayer de montrer que l’on fait quelque chose ».
La cité lagunaire n’est cependant pas tirée d’affaire. L’Unesco a annoncé son intention d’envoyer une délégation et de présenter un nouveau rapport sur les problèmes de la ville d’ici février 2024. Son intention est de réexaminer la question de l’inscription sur la liste du patrimoine mondial en péril l’été suivant.
La « Liste des sites du patrimoine mondial en péril » est un registre tenu par l’Unesco qui répertorie les sites du patrimoine mondial qui nécessitent une action de conservation urgente. Elle vise à la fois à sensibiliser la communauté internationale aux menaces qui pèsent sur le patrimoine culturel et à fournir une assistance financière et technique aux gouvernements locaux. L’inscription ou le retrait d’un site de cette liste dépend de l’évaluation de son état et de l’efficacité des mesures de conservation.
Au moment de cette prise de décision, 55 sites figuraient sur cette liste, dont quatre en Europe : le centre historique de Vienne (Autriche), le paysage minier de Rosia Montană (Roumanie), les monuments médiévaux au Kosovo (Serbie) et le centre historique d’Odessa (Ukraine). A ces quatre sites, il faut désormais ajouter deux autres sites du patrimoine culturel ukrainien : la cathédrale Sainte Sophie et l’ensemble des édifices monastiques associés à Kiev, ainsi que le centre historique de Lviv. Ces deux sites ont été inscrits sur la liste du patrimoine mondial en danger le 15 septembre par le Comité du patrimoine mondial, en raison de la menace de destruction que représente l’offensive russe.
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Venise échappe (encore) à la liste des sites « en péril »
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