La Mairie de Rome entend contrôler l’accès au monument visité par 4 millions de touristes chaque année.
Rome. Le touriste qui s’approche de la fontaine de Trevi à Rome devra bientôt s’assurer d’avoir assez de monnaie sur lui. À la traditionnelle pièce jetée dans le bassin pour s’assurer de revenir dans la Ville éternelle, il devra ajouter celle du ticket d’entrée sur la place. Le maire de la capitale italienne, Roberto Gualtieri, a confirmé ce que son adjoint chargé du tourisme avait annoncé à la fin de l’été en se déclarant favorable à l’idée d’examiner un nouveau type d’accès, limité dans le temps et dans son nombre de visiteurs, lesquels devront réserver leur « entrée ». La municipalité n’envisage pas de ceindre la fontaine de barrières ou de tourniquets. « Nous placerons des gardiens et des gardiennes pour laisser un nombre limité de personnes approcher du bassin, a expliqué l’édile. Nous étudions la possibilité d’instaurer un ticket d’entrée d’un coût modeste de 1 ou 2 euros pour assurer les frais de gestion de la fontaine. Les Romains en seront bien sûr exemptés. »
Le majestueux monument baroque de 26 m de haut et 50 m de large, inauguré en 1762, a été immortalisé par le fameux bain de minuit d’Anita Ekberg et Marcello Mastroianni dans La Dolce Vita (1960) de Federico Fellini. Une liberté qui ne peut évidemment être octroyée aux 4 millions de visiteurs qui admirent chaque année la fontaine, soit entre 10 000 et 12 000 par jour. Ceux-ci seront privés jusqu’en décembre de la vue sur cette splendide falaise de travertin ornée de statues et sculptée de plantes et d’animaux. Des échafaudages masqueront les travaux de restauration pour lui redonner tout son lustre. Il y a exactement dix ans, en 2014, la griffe italienne Fendi avait financé un premier chantier de restauration sans qu’il n’ait été besoin de la dissimuler complètement. Celui qui s’ouvre, d’un coût de 330 000 euros, fait partie des grands travaux du programme Caput Mundi pour restaurer les monuments de Rome, dont ses fontaines emblématiques. La dernière concernée sera celle des Quatre-Fleuves sur la place Navone.
Lorsque la fontaine de Trevi rouvrira au public en janvier prochain, il sera strictement interdit d’introduire de la nourriture ou des boissons à proximité du bassin. « Est-ce que les personnes mangent devant la “Joconde” ? », a expliqué le maire. Roberto Gualtieri dit s’inspirer des exemples d’autres villes italiennes. À Venise bien sûr, où on expérimente depuis ce printemps un système de tickets payants pour les touristes à la journée en période de pointe. Mais aussi à Rome même. La fontaine de Trevi ne serait pas son premier monument qui renoncerait à sa gratuité. Depuis le mois de juillet 2023, il faut s’acquitter du paiement de 5 euros pour visiter le Panthéon. Les mineurs et les accompagnateurs de groupes scolaires ainsi que les Romains ne sont pas concernés. Cela n’a pas dissuadé les visiteurs puisque, au cours des quatre premiers mois ayant suivi l’introduction de cette mesure, le produit des entrées au monument s’élevait à plus de 5 millions d’euros.
Bien que le constat d’une meilleure gestion du tourisme de masse fasse l’unanimité, l’annonce d’un numerus clausus pour accéder à la fontaine de Trevi suscite de nombreuses réserves. « L’accès au lieu symbolique de la “Dolce Vita” ne peut être limité, a résumé Fabio Rampelli, vice-président de l’Assemblée nationale. Cela porterait un terrible coup à notre image dans le monde. Contrôler les accès en fera un endroit qui exclut [une partie des gens], sans parler des dommages infligés aux commerçants du quartier. »
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
L’accès à la fontaine de Trevi pourrait devenir payant
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°641 du 18 octobre 2024, avec le titre suivant : L’accès à la fontaine de Trevi pourrait devenir payant