Émirats arabes unis - Patrimoine

PATRIMOINE MONDIAL

La fondation Aliph sur tous les fronts

Par Olympe Lemut · Le Journal des Arts

Le 17 mars 2023 - 513 mots

ABOU DHABI / ÉMIRATS ARABES UNIS

La fondation de protection du patrimoine mondial étend son action aux zones perturbées par le changement climatique.

Forum international de l'ALIPH à Abu Dhabi, les 6 et 7 mars 2023. © ALIPH
Forum international de l'ALIPH à Abu Dhabi, les 6 et 7 mars 2023.
© ALIPH

Monde. Les 6 et 7 mars derniers, l’Aliph organisait son premier Forum international à Abou Dhabi, en présence de deux cents acteurs du patrimoine venus de trente pays. La fondation a annoncé de nouvelles orientations pour 2023 et au-delà, et une montée en puissance financière. Selon Valéry Freland, son directeur général, « l’Aliph a engagé 14 millions de dollars en soutien à ses projets en 2022, et le budget prévisionnel pour 2023 prévoit 18 millions ». Une partie de cette somme a été consacrée à l’Ukraine (3 millions de dollars) où l’Aliph soutient plusieurs projets d’importance variable. Valéry Freland souligne « l’engagement très intense de l’Aliph en Ukraine depuis un an » et annonce la poursuite des actions en faveur du patrimoine ukrainien et surtout des musées, pour atteindre un total de « 4 millions de dollars en 2023 ».

« Prévention des tensions »

La principale annonce reste la réorientation des actions vers les effets du changement climatique et des catastrophes naturelles. Si l’Aliph a déjà soutenu des projets pour préserver le patrimoine de l’érosion ou des inondations (Afghanistan, Mali), c’est la première fois que cette thématique environnementale est mise en avant. Or la fondation a été créée en 2017 pour préserver avant tout le patrimoine en zone de guerre, à la suite des destructions de l’État islamique en Syrie et en Irak. Selon Valéry Freland, la notion de « conflit » est « entendue ici au sens large : pays actuellement en guerre (comme l’Ukraine), pays en sortie de crise (comme l’Irak) ou pays rencontrant de fortes tensions (politiques, religieuses ou culturelles) ». Il ajoute que « les liens entre conflits, changement climatique et patrimoine sont effectivement très étroits, puisque la moitié des vingt pays les plus touchés par le changement climatique sont en guerre ». Enfin, il précise que l’Aliph s’attellera prochainement à « la prévention des tensions » et de leurs conséquences sur le patrimoine : l’Aliph deviendrait donc un outil de diplomatie culturelle.

Avec les catastrophes naturelles, l’Aliph élargit encore son champ d’action, avec une première série de projets en Turquie et Syrie après les séismes du 6 février. Le directeur général précise que les actions viseront « le patrimoine des zones en conflit ou en tensions endommagé par le tremblement de terre », sachant qu’en Syrie, l’Aliph intervient déjà dans le Nord-Est sous contrôle kurde. L’Aliph a adopté « une première enveloppe de 1 million de dollars pour les mesures d’urgence et de stabilisation », sans détailler les sites concernés. À l’avenir, l’Aliph pourrait donc financer la réhabilitation du patrimoine dans des pays où il n’y a pas de conflit mais des « tensions », comme en Turquie : c’est une évolution par rapport à son identité initiale. En outre, son rôle dans la diplomatie d’influence française s’affirme, puisque la fondation va ouvrir prochainement un bureau régional à Riyad, où la France développe son soft power, et que près de 40 % des projets menés le sont dans le monde arabe, où le réseau diplomatique français est très bien implanté (25 projets en Irak, 18 au Liban, 12 au Yémen, 10 en Syrie).

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°607 du 17 mars 2023, avec le titre suivant : La fondation Aliph sur tous les fronts

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