BAALBEK / LIBAN
Les bombardements d’Israël ont touché certains sites. Le Liban a lancé des appels aux Nations unies et à l’Unesco pour des mesures préventives.
Paris, Genève. Depuis la fin septembre, Israël bombarde plusieurs zones du sud et de l’est du Liban, notamment la vallée de la Bekaa (fief du Hezbollah) et la ville de Baalbek qui comprend un site inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco (1984). Connu pour ses temples de Bacchus et Jupiter exceptionnels, le site de Baalbek [voir ill.] a été occupé en continu depuis le Néolithique et a connu son apogée au IIe siècle après J.-C.
Le gouverneur de Baalbek et le ministre de facto de la Culture (le Liban est embourbé dans une longue crise politique qui paralyse le processus électoral) ont déclaré que les bombardements de début octobre avaient eu lieu à 600 mètres du site, comme le prouvent de nombreuses vidéos : on y voit une épaisse colonne de fumée noire s’élever derrière les colonnades des temples romains. Si ces derniers ne semblent pas avoir été touchés, le gouverneur précise dans les médias locaux que « des mesures exceptionnelles ont été prises » pour sécuriser le site et parer au risque de pillage. Il évoque des risques de dégradation « par les fumées toxiques » des incendies causés par les bombes, et des risques de « déstabilisation » des sols à cause des ondes de choc. Le ministre a déclaré que ces bombardements constituent une violation du droit international et a lancé un appel aux Nations unies et à l’Unesco pour intervenir rapidement. Il demande au moins 100 000 dollars pour la mise en place de mesures d’urgence.
Car les bombardements affectent d’autres régions du Liban : d’après la fondation Aliph (Alliance internationale pour la protection du patrimoine dans les zones en conflit), la forteresse croisée de Tibnine (XIIe siècle) a été touchée, ainsi que des quartiers historiques dans plusieurs localités. Sur les réseaux sociaux, des témoignages d’habitants évoquent des dégâts dans la ville phénicienne de Tyr. L’Unesco ne confirme pas ces destructions, mais le Comité du patrimoine mondial annonce apporter son soutien à la direction générale des Antiquités du Liban pour une « expertise technique » et pour « l’évaluation des dommages causés au patrimoine et aux établissements culturels ». Des mesures préventives urgentes sont également évoquées (inventaire de collections, protection ou déplacement selon les cas).
L’Unesco annonce aussi un partenariat avec l’agence onusienne Unitar/Unosat pour le suivi par imagerie satellite des dégradations sur les sites patrimoniaux (comme c’est le cas pour l’Ukraine, le Soudan et Gaza). Par ailleurs, le directeur exécutif de la fondation Aliph, Valéry Freland, annonce un plan d’aide de 50 000 dollars pour les musées qui doivent protéger leurs collections. L’Aliph n’a pour l’instant pas eu écho de musée directement touché par les bombardements, mais les musées de Beyrouth avaient beaucoup souffert de l’explosion d’août 2020, et les équipes préfèrent prévenir une autre catastrophe.
Plusieurs conservateurs cités dans des médias libanais soulignent le manque chronique de personnel, dans un contexte où les mesures d’évacuation rendent encore plus complexe l’organisation de la sauvegarde des musées et des sites archéologiques.
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Le Liban s’inquiète pour son patrimoine et ses musées
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°641 du 18 octobre 2024, avec le titre suivant : Le Liban s’inquiète pour son patrimoine et ses musées