Liban - Conflits internationaux

GUERRE AU PROCHE-ORIENT

Les agences onusiennes se mobilisent pour le patrimoine libanais

Par Olympe Lemut · Le Journal des Arts

Le 20 novembre 2024 - 518 mots

Les récentes campagnes de bombardements israéliens menacent directement des sites archéologiques.

Palestre dans la zone de fouille d'Al Mina à Tyr, à la frontière de la ville moderne. © Carole Raddato, CC BY-NC-SA
Palestre dans la zone de fouille d'Al Mina à Tyr, à la frontière de la ville moderne.

Paris, Genève, Beyrouth. Si les premières frappes israéliennes sur Baalbek (Liban) avaient épargné le site antique inscrit au patrimoine mondial, les bombardements de début novembre ont touché le parking situé à quelques mètres des colonnades romaines. L’Unesco annonce par ailleurs que « des dommages ont été constatés sur des bâtiments patrimoniaux situés en dehors du site du patrimoine mondial, notamment un mur romain, un bâtiment datant du mandat français (1920-1943) et un bâtiment datant de l’époque ottomane ». D’après des sources locales, le célèbre hôtel Palmyra, proche du site, aurait également été touché : cet hôtel de 1874 est connu pour avoir hébergé de nombreuses personnalités dont Lawrence d’Arabie ou Winston Churchill.

À Tyr, selon l’Unesco, « des dommages ont été constatés pour la première fois jeudi dans les limites du site du patrimoine mondial » : l’ensemble de la ville antique de Tyr est inscrit au patrimoine mondial mais pas les quartiers modernes, qui ont subi les bombardements. Cependant, « les frappes à proximité du site inscrit sur la Liste du patrimoine mondial sont susceptibles de causer des dommages à l’intérieur même de ce site, en raison de la fragilité de certains monuments ».

La situation est donc alarmante, et dans un appel lancé à l’Unesco le 7 novembre, 128 députés libanais demandent une « protection des sites » de Baalbek, Tyr et Saïda. Cela fait suite à un appel au cessez-le-feu lancé le 1er novembre par le Premier ministre du Liban, Najib Mikati, qui demandait « la protection des anciens sites archéologiques de Baalbek et Tyr », implorant le Conseil de sécurité de l’ONU de prendre des mesures rapides. Ces appels ont été entendus, et le porte-parole de l’Unesco a annoncé le 8 novembre qu’« une session extraordinaire du Comité pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé sera organisée le 18 novembre 2024 au siège de l’Unesco pour examiner l’inscription de 34 biens culturels libanais sur la Liste internationale des biens culturels sous protection renforcée ».

Cette session doit aussi examiner le financement de l’aide internationale apportée au patrimoine libanais. Le Liban bénéficie du soutien de plusieurs organes onusiens dont le Haut Commissariat aux droits de l’homme, qui a publié le 1er novembre un communiqué rappelant le droit humanitaire international, notamment la protection dont bénéficient « les bâtiments religieux et les sites culturels », sauf dans le cas où ils sont considérés comme des objectifs militaires par Israël. Sur ce point, il est précisé que si les sites perdent la protection juridique, « toute attaque contre eux doit encore respecter les principes de proportionnalité et de précaution ». Il s’agit d’une allusion aux allégations des autorités militaires israéliennes selon lesquelles des tunnels et des caches d’armes du Hezbollah se situent sous le site antique de Baalbek.

Le communiqué décompte une dizaine de bâtiments religieux détruits au Liban par l’armée israélienne (bombardements ou explosifs au sol) ainsi qu’une église melkite (rite grec catholique). Les bombardements ont fait jusqu’à présent plus de 2 600 morts au Liban, et, d’après une analyse du quotidien américain The Washington Post, ils ont causé la destruction de 25 % des bâtiments au Liban sud.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°643 du 15 novembre 2024, avec le titre suivant : Les agences onusiennes se mobilisent pour le patrimoine libanais

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