Le Musée gallo-romain de Saint-Romain-en-Gal revoit sa copie

Saint-Romain-en-Gal (Rhône). C’était un projet phare pour le conseil départemental du Rhône : rénover et étendre l’unique musée géré par la collectivité, le Musée gallo-romain de Saint-Romain-en-Gal. Un investissement de 60 millions d’euros, divisé en deux phases, dont le principe avait été adopté en 2024 et qui devait livrer début 2025 le nom du lauréat du concours d’architecture. En janvier, le Département a annoncé finalement abandonner ce projet « dans sa forme initiale », invoquant un contexte budgétaire tendu pour les collectivités locales.

Ce revirement de dernière minute est assumé par la vice-présidente chargée de la culture, Martine Publié (Les Républicains) : « C’est une décision que j’ai prise en concertation avec le président [du Département] à l’été 2024, et mûrement réfléchie, justifie-t-elle. Comment peut-on expliquer que l’on mette autant d’argent dans ce projet-là, alors que nous, collectivité, avons plus de 60 % de notre budget qui est destiné au champ social, pour accompagner les Rhodaniens en difficulté ? Je ne pouvais pas ignorer l’état d’angoisse des communes, entreprises et particuliers face aux fins de mois difficiles. »

Les Départements font en effet face au désengagement de l’État dans les dotations allouées aux collectivités territoriales, mais aussi à une hausse des dépenses sociales significative depuis 2024. Nombre d’entre eux présentent en 2025 des budgets historiquement bas, recentrés sur les actions prioritaires. L’Hérault, la Charente-Maritime et l’Ille-et-Vilaine ont ainsi réduit leur budget destiné à la culture.

Le Rhône ne fait pas exception, qui concentre sa dépense culturelle, que ce soit pour la médiathèque départementale ou le Musée gallo-romain, sur des actions de proximité telle la médiation à destination du public local. Une manière, pour la collectivité, de garder les équipes du musée mobilisées, en valorisant le travail fourni pendant la préparation du projet de réhabilitation.

Le Département préfère toutefois présenter l’annulation du projet initial comme un « changement de direction » plutôt que comme un « abandon » : une petite partie du plan initial sera préservée, avec la relance de fouilles sur le site du musée, l’acquisition d’un terrain mitoyen pour lancer de nouvelles fouilles autour de l’axe de la voie romaine, et la construction d’abris de médiation sur le site même. « Les fouilles vont devenir un outil de médiation, vous allez venir au musée pour voir les archéologues travailler ! », lance la vice-présidente.

De même, le chantier paysager, permettant de relier le musée aux quais du Rhône, et la reprise du parcours permanent sont maintenus. Restait à construire ce nouveau plan d’action… et à le financer : une dizaine de millions d’euros seront nécessaires, un budget bénéficiant du soutien de l’État et de la Région Auvergne-Rhône-Alpes au travers du contrat de plan État-Région.

Mais ces chantiers-là ne répondront pas à la problématique urgente à l’origine du projet : le constat d’écarts de température importants au sein du bâtiment du musée, une nef de verre construite dans les années 1990. Incompatibles avec la conservation des œuvres et nuisibles au confort des visiteurs et des équipes, les températures deviennent de moins en moins supportables avec le changement climatique.

« Il faudra trouver une solution, ce sera peut-être par étapes, et sans modifier le geste architectural initial, estime Martine Publié. On a tendance à vouloir tout refaire quand on lance un concours ; désormais nos contraintes financières nous obligent à penser autrement. Il faut arriver à faire aussi bien que ce que nous visions dans le projet initial, à moindre coût et par tranches. C’est une autre manière de penser les musées, dans l’économie de moyens, le recyclage, manière sur laquelle nous sommes en adéquation avec la Drac [direction régionale des Affaires culturelles]. »