La fondatrice de Menart Fair inaugure début février la troisième édition du salon dédié à l’art des pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord à Bruxelles.
Après avoir créé en 1998 au Liban Beyrouth Artuel, auquel succéda douze ans plus tard Beirut Art Fair, Laure d’Hauteville organisait en 2021 à Paris la première édition de Menart Fair, première foire en Europe consacrée à l’art des pays du Mena (Middle East et NorthAfrica). Avec la complicité de Joanna Chevalier, directrice artistique du salon, elle proposait une sélection resserrée de galeristes et d’artistes de ces régions. La deuxième édition parisienne, organisée en mai 2022, a consolidé la foire dans ses choix et développements. La troisième édition se déroule à Bruxelles, du 3 au 5 février, à la Fondation Boghossian.
La création de Menart Fair est née du désir de promouvoir l’art moderne et contemporain du Moyen-Orient, des pays du Golfe et de l’Afrique du Nord en France, mais aussi ailleurs en Europe. Dès sa conception, nous avons voulu que la foire s’organise à Paris et à Bruxelles, car l’une ne va pas sans l’autre. Paris est la capitale de l’art en Europe et Bruxelles la capitale des collectionneurs. La crise sanitaire n’a pas permis d’organiser l’édition bruxelloise l’an dernier. Nous le pouvons aujourd’hui. In fine, j’aimerais inclure également Londres car beaucoup de Proche et Moyen-Orientaux y vivent, ce qui ferait trois éditions de Menart Fair par an dans trois capitales différentes. Il s’agit de développer davantage les liens avec les collectionneurs et les institutions de ces pays et de constituer un réseau d’amateurs de l’art du Mena, qui circuleront d’une capitale à une autre, curieux de découvrir les propositions de nos éditions.
Le succès de nos deux premières éditions a confirmé l’intérêt et la curiosité du public, qu’il soit amateur, collectionneur, fondation ou institution, pour l’art du Mena. Désormais, ce sont eux qui nous contactent pour en savoir davantage sur les courants artistiques modernes et contemporains propres à ces régions. J’ai été ainsi contactée par Sorbonne Université pour intervenir de temps en temps sur le marché de l’art du Mena. Aujourd’hui, il s’agit pour nous de susciter la même curiosité en Belgique, car si ce pays a une histoire différente de la France avec les pays du Mena, il s’y développe un intérêt de plus en plus manifeste pour l’art du Maghreb et des Proche et Moyen-Orient. Bozar multiplie ainsi les initiatives en faveur des artistes de ces régions et des fondations privées se sont créées comme la Fondation Boghossian qui, depuis son ouverture en 2010, promeut le dialogue entre les cultures de l’Orient et celles de l’Occident, à travers l’art et une programmation d’expositions et d’événements.
D’abord par son pôle design inédit. Sur les 23 galeries participant au salon, six d’entre elles présenteront des pièces dans ce domaine. En effet, dans les pays du Mena, l’artisanat demeure une activité très importante que les designers et artistes s’approprient de plus en plus, en particulier les Libanais comme Flavie Audi, que représente la galerie vénitienne Everything I Want, ou Jihad Khairallah, fondateur à Beyrouth de jihad khairallah architects. L’installation de Gregory Gatserelia, cofondateur de la plateforme expérimentale The Great Design Disaster (Milan), reflètera quant à elle ce que lui a inspiré la double explosion dans le port de Beyrouth, le 4 août 2020. Avec Joanna, nous avons souhaité également une édition plus contemporaine, mais sans pour autant négliger les artistes de la période moderne comme Baya à la galerie Gaya Art ou Nabil Anani, grande figure de la modernité palestinienne, aujourd’hui âgé de 80 ans. Je suis d’ailleurs très fière de la présence à Menart Fair Bruxelles, et pour la première fois en Europe, de la Galerie Zawyeh, créée en 2013 à Ramallah par son fils ZiadAnani et dont le bureau ouvert en 2020 à Dubai lui permet de mieux diffuser le travail des artistes palestiniens. Une des autres caractéristiques de cette édition est par ailleurs la plus grande représentation de la scène artistique iranienne, avec des artistes aussi différents que Zena Assi, Mojé Assefjah (Tanit Gallery), Toufan Hosseiny (Galerie Baronian), le trio Rokni Haerizadeh, Ramin Haerizadeh et Hesam Rahmanian (Galerie In Situ) ou encore Mohamed Hossein Ghaderi représenté par la galerie tunisienne Musk and Amber et Roya Akhavan, Reza Derakshani, Ghasem Hajizadeh chez Amenor Contemporary x Simine.
La première est en lien avec l’exposition « Au bord du monde vivent nos vertiges », dont j’ai été commissaire cet été à l’abbaye de Jumièges, et l’installation A Roof for Silence d’Hala Wardé. Dans le cadre de cette installation ont été reproduites, en collaboration avec Etel Adnan et le Pôle céramique Normandie, huit céramiques exceptionnelles de l’artiste et poétesse. Le département de la Seine-Maritime, producteur de ces pièces, a accepté de nous les prêter dans le cadre de l’hommage à l’artiste et poétesse disparue le 14 novembre 2021. La deuxième exposition est relative à l’initiative Cultural Narratives lancée par Selections. Depuis quelques années, cette plateforme d’édition fondée par Rima Nasser, et basée au Liban et à Dubai, passe commande à des artistes de premier plan ou émergents du Moyen-Orient d’une œuvre de leur choix, mais dont la seule contrainte est de pouvoir se loger dans un cadre en bois de 20 x 20 cm. La collection compte aujourd’hui environ 700 pièces ; nous en exposons une centaine.
Nous voulons reverser à la Fondation Boghossian le revenu généré par la billetterie, de manière à soutenir ses actions, en sachant que celles ou ceux qui s’acquittent d’un ticket VIP pour Menart Fair peuvent accéder à la Brafa [du 29 janvier au 5 février 2023]. Et inversement.
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Laure d’Hauteville : « Constituer un réseau d’amateurs de l’art du Mena »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°761 du 1 janvier 2023, avec le titre suivant : Laure d’Hauteville : « Constituer un réseau d’amateurs de l’art du Mena »