Galerie

ART CONTEMPORAIN

Adami sur toute la ligne

Par Henri-François Debailleux · Le Journal des Arts

Le 13 mars 2025 - 509 mots

La galerie Tornabuoni Art célèbre les 90 ans du peintre avec une sélection de ses œuvres des années 1960 à 2000.

Paris. Né à Bologne (Italie) en 1935, Valerio Adami aura 90 ans le 17 mars. Depuis 2024, la galerie Templon lui a consacré neuf expositions à Paris, mais pour fêter cet anniversaire, c’est Tornabuoni Art qui, avec l’accord de Daniel Templon (il a d’ailleurs prêté une œuvre), lui organise de façon assez logique cette mini-rétrospective composée de quinze toiles. En effet, spécialisée dans l’histoire de l’art italien du XXe siècle et principalement de sa deuxième moitié, la galerie, qui a toujours été en lien avec Adami, avance dans le temps et, après avoir notamment montré Lucio Fontana, Alberto Burri, Alighiero Boetti, regarde maintenant la fin des années 1960 et les années 1970.

Cette sélection montre parfaitement comment se mettent en place, en l’espace de seulement deux ans, le vocabulaire d’Adami et son écriture – au sens propre comme figuré puisqu’il y a souvent de l’écrit dans ses œuvres. Datée de 1962 (l’année où il s’installe à Paris, partageant dès lors sa vie entre la capitale française et Meina (au bord du lac Majeur), la première toile ici exposée, intitulée Sguardo Rivoltoa (« regard tourné vers »), témoigne de ses proximités et amitiés avec Wifredo Lam ou Roberto Matta, et rappelle qu’à ses débuts Adami tend vers l’abstraction. Mais dès 1964, comme le révèle LaScelta della cravatta (« le choix de la cravate »), l’artiste use déjà de son vocabulaire, avec ses fameux aplats de couleurs toujours cernées de lignes noires qui dessinent des figures. Ce que confirment et affirment dans la foulée Fusione di una testa e di una finestra, omaggio a Boccioni (« fusion d’une tête et d’une fenêtre, hommage à Boccioni »), datée de 1966, et surtout Interno [voir ill.], de 1967, qui introduit la thématique de l’hôtel, du lieu de passage, aussi importante dans son œuvre que celle de l’univers théâtral.

Soigneusement choisies et très variées, les autres toiles (dont la plus récente ici date de 2008) soulignent plus encore le rôle essentiel de ce trait noir qui permet à Adami de structurer l’espace et de le morceler de façon à ce que les couleurs ne se touchent jamais. L’ensemble montre d’ailleurs l’évolution chromatique qui voit le peintre ne pas hésiter à mettre, par exemple, côte à côte et de façon osée, deux tonalités d’oranges. Un trait noir qui rappelle évidemment l’importance du dessin et qui aide Adami à imbriquer ses saynètes comme s’il s’agissait d’un puzzle ou d’un rébus, pour leur donner un aspect énigmatique où tout est plus suggéré que véritablement narré.

De 20 000 à 140 000 euros, le prix des œuvres est très raisonnable pour un artiste de son importance avec une aussi longue carrière, encore récemment célébré par une grande rétrospective au Palazzo Reale de Milan, en 2024. On n’ose imaginer ce que serait sa cote s’il était un artiste pop américain, même s’il a souvent répété : « J’ai toujours rejeté l’étiquette de pop. » L’histoire de l’art, elle, l’a plutôt associé à la figuration narrative.

Valerio Adami,
jusqu’au 29 mars, Tornabuoni Art, 16, avenue Matignon, 75008 Paris.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°651 du 14 mars 2025, avec le titre suivant : Adami sur toute la ligne

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