Foire & Salon

Menart Fair mise sur les artistes femmes

Par Olympe Lemut · Le Journal des Arts

Le 4 septembre 2024 - 508 mots

PARIS

La foire spécialisée sur le Maghreb et le Moyen-Orient prend le risque d’une édition 2024 exclusivement féminine.

Paris. Après une édition 2023 centrée sur les artistes émergents, Menart Fair choisit les femmes. Si les femmes artistes du Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) bénéficient d’une plus grande visibilité ces dernières années, elles restent mal connues des collectionneurs et du grand public. Laure d’Hauteville, fondatrice de Menart, rappelle que d’après une étude de la foire Art Basel, en 2023, les femmes artistes du monde arabe représentent à peine 1,5 % des artistes exposés en galeries à l’international. Elle ajoute que « dans le domaine de la culture et depuis toujours, les femmes du MENA ont été précurseuses d’idées, de discussions » dans le secteur culturel. À côté de « valeurs sûres » bien connues en France comme Mona Hatoum ou Shirin Neshat, il existe des centaines d’artistes femmes très peu exposées en Europe que la foire souhaite montrer. Laure d’Hauteville insiste sur le fait que Menart Fair est « une foire de découvertes » et assume le choix d’une édition « 100 % féminine ».

Côté galeries, on constate que près des deux tiers sont des nouvelles entrantes cette année, il y a donc un fort taux de renouvellement. La thématique choisie en est probablement la raison, si l’on en croit Laure d’Hauteville : « J’ai été confrontée à des galeries qui m’ont dit que si elles n’exposaient que des artistes femmes elles n’allaient rien vendre. » Trente galeries sont annoncées en date du 20 août, dont une forte proportion de galeries libanaises, le socle de la foire. Parmi les entrantes, de nombreuses galeries du golfe Persique peu présentes en France (Contemporary Art Platform de Koweït et Wusum Gallery de Doha) et quelques galeries françaises : Bigaignon pour la photographie, Claire Corcia et Polysémie pour l’art brut. Plusieurs galeries fidèles de la foire sont absentes cette année, dont In Situ - Fabienne Leclerc (Romainville), Bessières (Chatou) et Hunna Gallery (Dubaï) pourtant spécialisée dans les artistes femmes du MENA. Les artistes exposées appartiennent à plusieurs générations avec quelques grands noms du XXe siècle. Citons la surréaliste Inji Efflatoun (Picasso Art Gallery, Le Caire), Simone Fattal (Tanit, Beyrouth), Baya (Le Violon Bleu, Sidi Bou Saïd) et Etel Adnan (Contemporary Art Platform, Koweït). Quelques artistes d’Asie centrale seront mises à l’honneur (Ouzbékistan, Kazakhstan, Afghanistan) mais l’essentiel des artistes vient du Liban, du Maroc et des Émirats arabes unis comme lors des éditions précédentes.

La foire organise aussi des expositions d’œuvres dans des lieux partenaires (Musée de l’Homme, IMA) et propose des conférences grand public : Laure d’Hauteville insiste sur l’importance de ces conférences et de la médiation pour que « le public puisse suivre et comprendre l’évolution de l’art du MENA ». Même si ces artistes femmes sont de plus en plus exposées en biennales et en musées, leur popularité reste en effet inférieure à celle des artistes masculins du MENA. La foire 2024 constitue un pari risqué, d’autant que le lieu dispose de moins de visibilité que celui de 2023 : la Galerie Joseph dans le Marais ne peut rivaliser avec le palais d’Iéna.

Menart Fair,
du 20 au 22 septembre 2024, Galerie Joseph, 5 rue Saint Merri, 75004 Paris.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°638 du 6 septembre 2024, avec le titre suivant : Menart Fair mise sur les artistes femmes

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