PARIS
Avec cette 18e édition, Drawing Now Paris célèbre son entrée dans l’âge adulte. Le médium du dessin est en renouvellement constant et la sélection a été remaniée pour près d’un tiers des exposants.

Paris. Quel est le point commun entre une composition géométrique abstraite de Joachim Bandau (Galerie Maubert), un portrait à l’huile de deux hommes vus de dos par Kris Knight (Galerie Alain Gutharc) et une forme organique aux tons de chair de Tatiana Wolska (Irène Laub Gallery, Ixelles) ? Ces trois œuvres – une aquarelle, une huile sur papier de coton et un dessin au crayon – annoncent toutes la prochaine édition de Drawing Now. En déclinant son affiche en trois versions, la 18e édition du salon fait ainsi mine de s’interroger : où en est le dessin aujourd’hui ?
Si les œuvres graphiques sur papier – exécutées au crayon, au fusain, à l’aquarelle… – semblent dominer, on note une variété dans les supports employés : Alireza-Shojaian (Bendana-Pinel) utilise le bois ; Eglé Vismanté (Espace à vendre, Nice) le plexiglas ; Taisia Korotkova (Galerie de l’Est, Compiègne) a recours à la toile cirée ; Sophie Bouvier Ausländer (Patrick Heide, Londres) au papier journal ; les encres de Christian Jaccard (Galerie 8+4) sont appliquées sur Chromolux, tandis que Xavier Theunis (galerie Catherine Issert, Saint-Paul-de-Vence) travaille à l’adhésif verni sur aluminium thermolaqué et que Brankica Zilovic expérimente la couture sur béton (Oniris.art, Rennes).
Les collages offrent également une autre dimension au dessin, à l’image des portraits de Nina Mae Fowler (galerie Suzanne Tarasieve) rehaussés de perles baroques, de chaînes et de verre-miroir. Après une introduction timide lors des dernières éditions, les vidéos et les œuvres génératives sont en revanche quasi absentes cette année : on verra sur le stand de la Galerie Wagner celles, sur écran tactile, d’Alain Longuet – secteur « Process ». Et l’on peut se demander si le médium est en effet de plus en plus inventif ou si c’est le salon qui s’ouvre à de nouvelles techniques, telles les sculptures en fils métalliques de Gaëlle Chotard (Galerie Papillon) ou les joncs capités en Tondos de Marinette Cueco, (Galerie Univer/Colette Colla).

Fermement positionné sur le créneau du dessin contemporain, Drawing Now tâche de se réinventer d’une édition à l’autre à travers sa sélection. Parmi les 70 exposants, une trentaine participent pour la première fois ou reviennent sur le salon, dont la moitié environ figurent dans le secteur général. On retrouvera cependant au Carreau du Temple un noyau dur de quelques fidèles, telles que les galeries Lelong & Co. ou Catherine Putman, et du côté des marchands étrangers, Maurits van de Laar (La Haye) et Martin Kudlek (Cologne). Un petit contingent de galeries suisses se profile sur cette édition, constitué d’habituées comme la Galerie C, Analix Forever et Lullin + Ferrari, et de trois nouvelles venues (Wilde, Skopia, Heinzer Reszler).
Parmi la cinquantaine de galeries du secteur principal, une poignée se risque à proposer un solo, comme Huberty & Breyne (Bruxelles, Paris), spécialisée dans les originaux de bande dessinée : son stand est dévolu aux aquarelles de Milan Jespers, qui reprennent les codes et les teintes sépia évoquant les débuts de la photographie. Mais la plupart des exposants optent pour un accrochage collectif avec un artiste en focus, telle la galerie Claire Gastaud qui consacre le sien à Tania Mouraud avec les dessins à la main de sa série « Pasik », charnière dans sa carrière, mais aussi ses fameux gaufrages. Les galeries émergentes sont regroupées dans le secteur « Insight ». Parmi elles, Etc., dont c’est la première participation, met à l’honneur le travail abstrait de Mathieu Bonardet autour des possibilités du graphite (crayon, bâton, poudre) et se réjouit de « rencontrer sur le salon un public aussi averti qu’engagé».
La variété revendiquée par la foire se retrouve dans les prix, avec des paliers symboliques (en deçà et au-delà de 3 000, 5 000 et 10 000 euros), le nombre de galeries dont les prix excèdent 15 000 euros se raréfiant, tandis que le plafond semble fixé cette année à 30 000 euros. Sur près de la moitié des stands, les prix ne dépasseront pas 3 000 euros, voire 2 000 pour une douzaine d’entre eux. On trouvera sur certains stands des écarts importants, par exemple de 700 à 7 000 euros sur celui de la galerie Iragui (Romainville), tandis que chez Templon le prix moyen des œuvres avoisine 5 000 euros. Une quinzaine de galeries montent jusqu’à 10 000 euros, certaines proposant même des œuvres à 15 000 euros, comme Richard Saltoun Gallery (Londres), voire 20 000 euros sur le stand de la Galleria Studio G7 (Bologne). La Husk Gallery (Bruxelles), qui participe pour la première fois à cette « méga-messe européenne du dessin contemporain », selon ses termes, détient le record avec une fourchette allant de 950 à 30 000 euros pour les œuvres de Peter Depelchin (né en 1985), lequel puise son inspiration dans l’histoire de l’art et l’imagerie astrophysique. « La pièce la plus chère, intitulée “The Great God Pan”, est une œuvre clé de l’artiste, elle annonce et relie toutes les autres, explique la fondatrice, Ingrid Van Hecke. Ses autres grands formats appartiennent déjà à des collections privées. Nous espérons attirer l’attention sur son univers exceptionnel et le promouvoir à Paris auprès des institutions. »
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Drawing Now, « LE » rendez-vous du dessin contemporain
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°651 du 14 mars 2025, avec le titre suivant : Drawing Now, « LE » rendez-vous du dessin contemporain