Le Salon consacré à la scène du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord a assuré une deuxième édition de qualité justifiant sa pertinence.
Paris. Passé en visiteur sur la Menart Fair dont c’était la deuxième édition parisienne, Chris Dercon, président de la Réunion des musées nationaux – Grand Palais, a – paraît-il – adoré la petite peinture d’Abderrazak Sahli (1941-2009), un peu en retrait sur le stand de la galerie Violon Bleu (Tunis). « Il ne connaissait pas cet artiste », raconte la fondatrice de la galerie, Essia Hamdi, qui exposait essentiellement des peintres de l’école de Tunis et notamment plusieurs toiles abstraites. Première participation pour cette galerie tunisienne qui avait déjà pris part à deux éditions de la Beirut Art Fair, au Liban (également créée par la directrice et fondatrice de la Menart Fair, Laure d’Hauteville) et qui s’aventurait ici en dehors de son territoire de prédilection, à la rencontre de nouveaux collectionneurs, mais aussi de ceux croisés sur les foires, ou issus de la diaspora tunisienne. Ces derniers étaient-ils au rendez-vous ? « Beaucoup de mes contacts parisiens sont à la Biennale de Dakar cette semaine », constatait-elle. Sans compter ceux qui profitaient d’un long week-end ensoleillé dans leur maison de campagne. Difficile de trouver une date idéale dans le calendrier très chargé de l’art contemporain, alors même qu’il faut du temps pour installer une foire.
Spécialisée dans les artistes du Maghreb et du Moyen-Orient, peu représentés en Occident, la Menart Fair a indéniablement le mérite de remplir un vide et dispose de nombreux atouts pour durer. Afin de mieux séduire et fidéliser son public, elle commence en tout cas par le rassurer. Qu’il s’agisse de l’école de Tunis ou de l’école de Casablanca, représentée par la galerie marocaine éponyme, les accrochages des exposants faisaient ainsi, sur cette deuxième édition, une large place aux modernes, que l’on trouve aujourd’hui dans de grandes collections publiques et privées. Comme Faisal Salmra, dont les dessins au fusain étaient mis en regard d’une série de sculptures sur le stand de la 4 Walls Gallery (Dubaï). Ou l’artiste algérienne Baya Mahieddine (1931-1998), dont le style graphique très coloré avait déjà marqué de son empreinte la première édition et que l’on pouvait voir cette fois-ci sur trois stands différents (Violon Bleu, Elmarsa Gallery, de Dubaï, et Ayn Gallery, de Paris).
La foire ménageait aussi de jolies découvertes d’artistes contemporains. L’Iranienne Hoda Kashiha, de la galerie Nathalie Obadia (Paris), à laquelle le centre d’art La Passerelle, à Brest, vient de consacrer sa première exposition personnelle « entre cubisme décomplexé et veine cartoonesque », ou Ayla Hibri [voir ill.], à laquelle la galerie Salahin fondée à Paris en 2021, offrait un solo show acidulé, ou encore Dinah Diwan dont les cartographies brodées étaient à découvrir sur les cimaises de la galerie Esther Woerdehoff (Paris).
L’écrin de la maison de ventes Cornette de Saint Cyr est, certes, un peu étroit mais son architecture luxueuse, autant que son emplacement, avenue Hoche, confèrent à la manifestation un cachet qui en renforce l’image de marque. Pour sa prochaine édition, en janvier 2023, la Menart Fair bénéficiera cependant de davantage de place puisqu’elle sera accueillie à Bruxelles par la Fondation Boghossian, dans la villa du baron Empain. On y retrouvera une bonne partie des dix-huit galeries de cette sélection et une nouvelle section consacrée au design des pays du MENA (Middle East and North Africa).
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La 2e Menart Fair confirme le bien-fondé de la foire
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°590 du 27 mai 2022, avec le titre suivant : La 2e Menart Fair confirme le bien-fondé de la foire