Belgique - Foire & Salon

Brafa, coup de pouce aux arts anciens

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 26 janvier 2024 - 798 mots

BRUXELLES / BELGIQUE

La foire belge renforce son secteur des arts anciens, mais les arts des XXe et XXIe siècles se taillent toujours la part du lion.

Nicolas Bertin, Achille confié par Thétis au centaure Chiron, huile sur toile, 62 x 79 cm. © Baulme Fine Arts
Nicolas Bertin (1667-1736), Achille confié par Thétis au centaure Chiron (c. 1725), huile sur toile, 62 x 79 cm.
© Baulme Fine Arts

Bruxelles. Inoxydable, la Brafa revient pour une 69e édition, du 28 janvier au 4 février, dans le palais des expositions de la capitale belge situé sur le plateau du Heysel, lançant la saison 2024 des foires internationales d’arts et d’antiquités. Elle accueille cette année 132 galeries (contre 128 l’an passé), un chiffre qui renoue avec celui des années pré-Covid. Des galeries sont fidèles d’une année à l’autre, comme Art & Patrimoine (Belgique), spécialisée dans la céramique, les antiquaires Costermans & Pelgrims de Bigard (Bruxelles) ou encore la galerie londonienne Stern Pissarro, qui présente de l’art moderne et contemporain. Quelques-unes font cependant défection cette année, comme Alexis Bordes (Paris), Dario Ghio (Monaco) ou Philippe Heim (Bruxelles).

Issus de 14 pays différents, les marchands sont essentiellement français (39) et belges (51) ; une minorité vient d’Italie (8), du Royaume-Uni (7) ou encore de Suisse (6). Vingt nouveaux marchands rejoignent la foire pour la première fois, dont sept Parisiens. Parmi eux : Christophe Gaillard, qui ouvre un nouvel espace d’art contemporain à Bruxelles ; Kaléidoscope, fondée par Marie Deniau, qui a collaboré avec Alain Le Gaillard et Benoît Sapiro avant d’ouvrir son propre espace à Saint-Germain-des-Prés ; Tobogan Antiques, un des rares représentants du goût français de la seconde moitié du XIXe siècle. Quatre autres galeries parisiennes signent leur retour après une ou plusieurs années d’absence : Kevorkian, spécialisée dans les arts de l’Orient antique et de la civilisation islamique ; la galerie Flak, consacrée aux arts anciens d’Afrique, d’Océanie et d’Amérique du Nord ; Baulme Fine Arts, qui expose de la peinture, des dessins et des sculptures européennes du XVIe au XIXe siècle, et la galerie d’art contemporain Sophie Scheidecker.

Eugène Cornu, Machauld, Buste de déesse grecque, vers 1867, bronze argenté et doré, émail, marbre rouge, 64 x 22 x 21 cm. © Galerie Tobogan
Eugène Cornu, Machauld, Buste de déesse grecque, vers 1867, bronze argenté et doré, émail, marbre rouge, 64 x 22 x 21 cm.
© Galerie Tobogan
45 galeries d’art ancien

Alors que l’an passé la foire belge avait été critiquée pour avoir laissé une trop grande place à l’art moderne et contemporain, cette année elle a rééquilibré la balance en faveur des arts anciens. « Pour cette édition, nous voulions assurer une grande diversité de spécialités et rester proche de l’ADN de la foire, qui, à la base, est une foire d’antiquaires », explique le galeriste Didier Claes (Ixelles), l’un des trois vice-présidents de la manifestation. Même si l’art moderne et contemporain est toujours présent en force, représenté par plus de 60 galeries – un chiffre porté à 75 si l’on y adjoint les exposants des arts décoratifs du XXe et le design –, le secteur des arts anciens (tableaux, mobilier et objets d’art) s’agrandit d’une douzaine de nouveaux participants, pour atteindre 45 galeries cette année (contre 34 l’an passé). En ce domaine, la galerie espagnole Nicolás Cortes, fidèle, se concentre sur la peinture et la sculpture, avec un fort intérêt pour Murillo, Goya et Ribera, tandis que le marchand parisien Stéphane Renard, qui a ouvert sa galerie en 2020, participe pour la première fois à une foire internationale. La Haute Époque est également renforcée par la venue des galeries italiennes Mearini (Pérouse) et Romigioli (Legnano).

Les arts premiers sont cependant sous-représentés (5 galeries) pour un secteur qui était pourtant l’un des piliers de la foire : en 2020, la manifestation comptait encore onze marchands. D’autres spécialités ont, elles, déserté, comme l’archéologie : depuis qu’en 2020 le Service public fédéral Économie, les douanes et Interpol ont passé la foire au crible à la recherche d’œuvres acquises frauduleusement alors que celle-ci était remplie de visiteurs, les marchands ne s’y risquent plus. C’est aussi le cas pour les arts d’Asie,un secteur où Christophe Hioco se retrouve tout seul pour représenter la discipline. « Il n’est pas juste de penser que, seuls, nous allons pouvoir capter toute la clientèle, déplore le marchand parisien. Être plusieurs permet une saine émulation, lance un défi pour se surpasser et offre une opportunité d’attirer de vrais collectionneurs, au moins d’Europe. »

Après avoir célébré l’Art nouveau en 2022, la Brafa braque cette année les projecteurs sur le surréalisme, qui fête son centième anniversaire. C’est en effet en 1924 qu’André Breton a publié son premier Manifeste. La Fondation Paul-Delvaux est ainsi l’invitée d’honneur de cette édition. Créée en 1979 pour défendre les intérêts de l’artiste qui lui a légué ses collections, ses archives et ses droits d’auteur, l’institution est également à l’initiative de la création du Musée Paul-Delvaux de Saint-Idesbald (Belgique), qui détient la plus importante collection au monde du peintre. Un ensemble d’œuvres provenant de ce musée est exposé dans un espace qui lui est entièrement dévolu au sein de la manifestation. Cette initiative enthousiasme le galeriste Harold t’Kint de Roodenbeke, aux commandes de l’événement : « Ce sera une Brafa en mode surréaliste, à l’image de notre pays, de notre humour et de notre style de vie bien belge et parfois décalé ! »

Brafa Art Fair,
du 28 janvier au 4 février, Brussels Expo – Heysel, place de Belgique, 1, Bruxelles, Belgique.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°625 du 19 janvier 2024, avec le titre suivant : Brafa, coup de pouce aux arts anciens

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