Belgique - Foire & Salon

La Brafa au fil des stands

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 17 janvier 2024 - 823 mots

Au menu de cette 69e édition de la foire bruxelloise d’art et d’antiquités, des œuvres surréalistes, des expositions thématiques et des décors inédits.

Bruxelles. Les 134 stands, répartis sur une surface de 21 000 m2, prennent place dans les palais 3 et 4 de Brussels Expo, des espaces réunis par un étroit couloir. Pour harmoniser cet ensemble, et comme à l’accoutumée pour cet événement qui fêtera l’an prochain ses 70 ans, un tapis a été spécialement créé pour l’occasion. Sa réalisation, en nylon recyclé, a été inspiré par le dallage représenté dans L’Hiver (1958), une toile de Paul Delvaux conservée par les Musées royaux des beaux-arts de Belgique, à Bruxelles.

Un tableau de Delvaux affiché à 4 millions d’euros

Le décor est planté, en référence au thème choisi cette année : le surréalisme. Plusieurs exposants jouent le jeu, insérant dans leur présentation des œuvres signées par des figures de ce mouvement d’avant-garde transdisciplinaire. Ainsi, le libraire Bertrand Meaudre (librairie Lardanchet, Paris), qui expose sur le stand de la Chambre professionnelle belge de la librairie ancienne et moderne, montre un rarissime exemplaire du fameux Manifeste du Surréalisme (1924) d’André Breton, ouvrage qui définit les grandes lignes d’un mouvement majeur. Pour se procurer cet exemplaire – l’un des dix-neuf premiers sur papier pur fil Lafuma, seul grand papier –, il faut débourser 25 000 euros. Chez Opera Gallery, c’est La Fin du voyage (1968, [voir ill.]), du même Paul Delvaux, qui est exposée. L’œuvre concentre plusieurs motifs chers à l’artiste, comme le train, le nu féminin, la référence à l’Antiquité (à travers un personnage qui rappelle la Vénus de Lucas Cranach, car Delvaux était fasciné par les maîtres anciens). Ce grand tableau est affiché à 4 millions d’euros.

Proche à ses débuts du mouvement, Giorgio De Chirico (1898-1978) est montré par la galerie suisse Repetto. On peut y admirer Place d’Italie avec Ariane (vers 1950), issue de la série des « Places d’Italie », un cycle commencé en 1910 avec L’Énigme d’un après-midi d’automne et que l’artiste développera tout au long de sa carrière (700 000 €). De son côté, Rodolphe Janssen (Bruxelles), qui consacre son stand à la nature morte, y a ajouté Disclosure, une huile de 2019 de l’artiste belge Thomas Lerooy (30 000 €), qui n’est pas sans rappeler la démarche surréaliste, notamment d’un Magritte. Le maître des énigmes n’est pas non plus absent des cimaises puisqu’il est visible, entre autres, à la galerie De Jonckheere (Genève), qui expose La Légende des siècles (1950).

Les marchands sont de plus en plus attentifs à la scénographie de leurs stand. Marc Maison (Paris), venu avec un ensemble de trois pièces de boiseries Art nouveau datées de 1903 et réalisées par l’architecte belge Victor Horta (1861-1947), crée ainsi l’événement. Outre les boiseries, des luminaires en bronze, deux cheminées, une paire de buffets surmontés de quatre statuettes en plâtre doré signées du sculpteur Pierre Braecke (1858-1938), un paravent en tissu d’époque, une paire de cache-radiateurs, une banquette, des vitraux, des portes et une verrière complètent l’ensemble, proposé à 12 millions d’euros. Totalement inédit, cet intérieur a été créé pour la famille Devettere-Bonnet, issue de la bourgeoisie industrielle de Courtrai – elle officiait dans le domaine du tabac à priser et des cigares. Il occupait tout le rez-de-chaussée de l’immeuble avant d’être démonté en 1975 et remisé au premier étage (12 M€).

Cinq tapisseries par Fernand Léger

D’autres participants profitent de la foire pour monter une exposition thématique. C’est ce qu’a concocté la Galerie Hadjer (Paris), spécialisée dans les tapisseries anciennes et modernes. Participant pour la première fois à la manifestation, elle y expose les cinq créations exécutées dans les années 1950 par Fernand Léger en collaboration avec les ateliers de tapisserie d’Aubusson, soient La Grande Parade, Les Constructeurs, Composition murale, Le Bonheur et Composition à la coquille. La tapisserie retranscrit à la perfection les couleurs vives mais aussi les sujets et les formes où fusionnent cubisme et abstraction (à partir de 90 000 € pièce). À la galerie londonienne Giammarco Cappuzzo, c’est un ensemble de sept peintures du peintre baroque italien du XVIIe siècle Giovanni Battista Langetti que le marchand a réussi à réunir – un véritable tour de force. Rattaché au courant du ténébrisme, l’artiste privilégiait la représentation de personnages mythologiques ou historiques, antiques. Le visiteur peut ainsi admirer Prométhée, une huile sur toile réalisée vers 1660, mais aussi Alexandre le Grand et Diogène ou encore Caton, Sampson et Archimède (entre 100 000 et 200 000 € pour chaque toile).

Le marchand parisien Julien Flak, spécialisé dans les arts premiers, a choisi de présenter « L’Appel des kachinas ». Y sont réunies une trentaine de figures rituelles Hopi d’Arizona [voir ill.], des poupées en bois polychrome témoignant des traditions et croyances ancestrales des peuples amérindiens (prix entre 5 000 et 60 000 €). Une exposition qui n’est pas étrangère au thème de l’édition puisque ces figurines n’avaient pas laissé indifférents des surréalistes comme Breton, Max Ernst ou encore Paul Éluard.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°625 du 19 janvier 2024, avec le titre suivant : La Brafa au fil des stands

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