Italie - Art ancien - Église

Les mésaventures d’une fresque de Piero della Francesca

Par Paul Bérat · lejournaldesarts.fr

Le 20 avril 2022 - 434 mots

MONTERCHI / ITALIE

La justice italienne a ordonné le retour de la Madonna del Parto dans son emplacement d’origine au grand dam de la mairie du petit village.

Piero della Francesca, Madonna del Parto, c. 1459, fresque, 260 x 203 cm, Musée civique de la Madonna del Parto, Monterchi, Italie. © Edisonblus, 2012, CC BY-SA 3.0
Piero della Francesca, Madonna del Parto, c. 1459, fresque, 260 x 203 cm, Musée civique de la Madonna del Parto, Monterchi, Italie.
Photo Edisonblus, 2012

La Madonna del Parto est connue des érudits pour la lecture qu’en a faite le philosophe et historien de l’art Hubert Damisch dans Un souvenir d’enfance par Piero della Francesca (1997, éd. Seuil). Ces derniers jours, elle a fait parler d’elle autrement. Le Conseil d’État italien a ordonné le retour de l’œuvre dans son lieu d’origine. Une décision qui ne plaît pas à tout le monde. 

Réalisée vers 1460, la Madonna de Piero della Francesca ornait autrefois la chapelle Santa Maria di Momentana à Monterchi (en Toscane). Si le pan de mur qui la recevait a survécu à un tremblement de terre en 1785, ce n’est pas le cas du reste de l’édifice, très endommagé et aussitôt remplacé par une chapelle funéraire plus petite. En 1993, après restauration, la fresque du maître italien a été transférée dans une ancienne école du village de Monterchi. En principe temporaire, ce lieu est devenu permanent et s’est transformé en musée accueillant plus de 30 000 visiteurs par an. 

A l’époque, le déplacement de la fresque depuis la chapelle funéraire jusqu’à l’ancienne école n’avait pas plu à l’Eglise catholique qui, par voie judiciaire, avait réclamé le retour de l’œuvre dans son lieu d’origine. En 2009, un accord semblait avoir été trouvé entre la municipalité, à l’origine du déménagement, et l’Église catholique. La fresque devait rejoindre non le lieu d’origine mais une autre église du village, non loin de l’ancienne école. Faute de moyens nécessaires à la réhabilitation de cette église, le projet a été abandonné en 2021. Et en 2022, le Conseil d’État italien a ordonné le retour de l’œuvre dans la petite chapelle funéraire. 

Le maire de Monterchi Alfredo Romanelli est mécontent. La chapelle n’existe plus dans sa forme d’origine, rétorque-t-il. Elle n’est pas adaptée à recevoir autant de visites que le musée dans lequel elle est depuis trente ans, ajoute-t-il. Enfin, « mettre le symbole de la nativité dans une tombe, ne me semble pas une bonne idée ». Alfredo Romanelli a le soutient de la plupart des 1 500 habitants du village, attachés à leur musée. 

Mais d’autres ne sont pas de cet avis. C’est le cas du critique d’art Vittorio Sgarbi très connu en Italie, qui a dit que c’était une bonne chose que l’œuvre soit transférée d’un lieu « clinique » à un lieu « où elle été peinte ». Arguant que la chapelle funéraire pourrait de toute façon être agrandie pour faire face au « tourisme religieux »
 

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