PARIS [21.12.17] - L’enseignant, écrivain et chercheur, s’est éteint jeudi 14 décembre 2017. Il fut l’un des premiers à confronter l’histoire de l’art à d’autres disciplines.
Pour Hubert Damisch l’appartenance à un domaine était réducteur, il n’aimait ni le terme historien de l’art ni celui de philosophe, pourtant il était les deux. Celui qui a apporté un nouveau souffle à l’histoire de l’art, a disparu à l'âge de 89 ans, laissant un héritage considérable. Féru d’art, d'architecture, de cinéma, de photographie, il fut aussi joueur de jazz, commissaire d’exposition et enseignant à l’Ecole Normale Supérieure et à l’Ecole des hautes études en sciences sociales de Paris.
Ses travaux ont donné une nouvelle dimension à la pratique de l’histoire de l’art, en confrontant cette dernière à d’autres disciplines, notamment en prenant en compte la sémiologie dans l’esthétique, et en alliant histoire de l’art avec psychanalyse, post-structuralisme ou encore sémiotique. Né en 1928, il étudie la philosophie à la Sorbonne dans les années 1950. Il continue son parcours académique à l’Ecole pratique des hautes études (E.P.H.E), où il enseignera dès 1958. En 1977 il fonde le Centre d’histoire et théorie de l’art à l'Ecole des hautes études en sciences sociales, dont la vocation est de créer un lieu d'échange et de rencontre entre l’histoire de l’art et les sciences humaines, ou d’illustres figures ont enseigné tels que Daniel Arasse ou Georges Didi-Huberman.
Le parcours de la pensée de Damisch est parsemé de rencontres marquantes dont Maurice Merleau-Ponty qui l’a initié à la phénoménologie, et qui l’a incité à suivre les cours de sociologie de l’art de Pierre Francastel à l’E.P.H.E, ou encore Gaëtan Picon qui a dirigé sa thèse, devenu ouvrage de référence; Théorie du nuage. Pour une histoire de la peinture. L’ouvrage paru en 1972, utilise le nuage comme prétexte pour produire une analyse iconographique commençant au Moyen Âge et finissant à la fin du XIXe siècle en passant par l’arrivée de la perspective durant la Renaissance. Il étudie la place et l'évolution du nuage dans la peinture via l’interprétation des symboles et des signes. Chez Damisch, la symbologie et sémiologie ont une place particulière, qui a permis de regarder les tableaux autrement. Son œuvre a aussi une dimension freudienne comme en témoigne Un souvenir d’enfance de Piero della Francesca, titre référent à Un souvenir d’enfance de Léonard de Vinci de Sigmund Freud. Le livre prend pour point de départ la Madonna Del Partro de Piero della Francesca (1460) pour soulever des grandes questions existentielles, d'où viennent les enfants, et donc d'où venons-nous. En 2016, il fait du tableau l’objet central et en retrace son histoire pour son dernier ouvrage, La Ruse du tableau.
Damisch laisse derrière lui une œuvre considérable dont l’histoire de l’art n’a pas fini de profiter.
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Historien d’art et philosophe, Hubert Damisch est décédé à l'âge de 89 ans
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