C’est à un historien des mathématiques de l’E.H.E.S.S., Jean-Pierre Le Goff, que l’on doit la traduction délicate du traité de perspective de Piero della Francesca. Rédigé parallèlement à la conception du cycle de fresques de la Légende de la Vraie Croix à Arezzo dans les années 1470, De Prospectiva pingendi est l’ouvrage d’un géomètre aussi accompli que le peintre.
Piero della Francesca y expose tour à tour deux méthodes de projection perspective des corps volumétriques – depuis les formes architecturales jusqu’à la figure humaine –, qui firent école chez le mathématicien Luca Pacioli, son disciple direct, avant d’inspirer Léonard de Vinci et les traités de perspective ultérieurs, bien que le manuscrit soit demeuré inédit jusqu’en 1899. Dans sa préface à la présente édition, Hubert Damisch reprend la réflexion commencée avec L’origine de la perspective (Flammarion, 1987). S’arrêtant sur une comparaison avec le De Pictura d’Alberti (1435) – et laissant de côté le cas de Paolo Uccello – il repère dans le traité de Piero le passage définitif de la perspectiva naturalis basée sur l’optique, en usage depuis l’Antiquité, à la perspectiva artificialis, reposant exclusivement sur la géométrie, qui est à ses yeux fondatrice de l’ère moderne. Daniel Arasse, dont un essai est publié en postface, s’interroge quant à lui sur le brouillage ponctuel des effets de perspective dans l’espace pictural du Maître d’Arezzo.
Piero della Francesca. De la Perspective en peinture, traduit, présenté et annoté par Jean-Pierre Le Goff, In Medias Res, 352 p., ISBN 2-9511719-0-0.
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Piero della Francesca, de la perspective en peinture
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°504 du 1 mars 1999, avec le titre suivant : Piero della Francesca, de la perspective en peinture