NEW YORK / ÉTATS-UNIS
Le musée veut profiter de l’assouplissement temporaire des règles déontologiques pour financer son déficit d’exploitation.
La direction du Metropolitan Museum de New York (MET), qui accuse un déficit budgétaire de près de 150 millions de dollars du fait de la crise sanitaire, envisage de vendre certaines de ses œuvres d’art, rarement ou jamais exposées, afin de payer les frais d’entretien de sa collection, rapporte le New York Times.
L’institution new-yorkaise, dirigée depuis 2018 par Max Hollein, souhaite pouvoir bénéficier de l’assouplissement adopté par l’Association of Art Museum Directors (AAMD) en avril 2020, s’agissant des règles en vigueur en matière de cessions d’œuvres d’art, ou de « deaccessioning » (c’est-à-dire l’aliénation des collections).
Jusqu’alors, l’AMMD, organisation professionnelle chargée d’accompagner et d’orienter les pratiques des 228 musées américains qu’elle fédère, autorisait ceux-ci à vendre des œuvres d’art dans le seul but d’en acquérir de nouvelles. Toutefois, compte tenu de la sévérité de la crise sanitaire actuelle et des besoins financiers immédiats des institutions, l’association tolère désormais que les recettes issues de ces ventes puissent être allouées aux « dépenses liées à l’entretien direct des collections ». Cette possibilité reste toutefois limitée dans le temps, et ne court que jusqu’au 10 avril 2022.
En France, la pratique du deaccessioning est interdite en vertu du principe d’inaliénabilité des collections publiques, hérité lui-même de l’Ancien Régime. Consacré par la loi du 4 janvier 2002 relative aux musées de France et codifié à l’article L. 451-5 du code du patrimoine, ce principe général est régulièrement remis en question ou bien conforté par le débat public à l’image du rapport Rigaud de 2008.
Cette annonce suscite de nombreuses critiques. Ainsi l’ancien directeur du MET, Thomas Campbell, aujourd’hui directeur du Fine Arts Museums of San Francisco exprime sur son compte Instagram ses inquiétudes voyant là « un chemin glissant », ajoutant « le danger est que la vente d’œuvres d'art pour les frais de fonctionnement devienne la norme, surtout si des musées de premier plan comme le MET suivent le mouvement ».
Anticipant ces critiques, le directeur du MET joue la carte de la transparence. Ainsi, si la décision de vendre des œuvres est bien actée, le conseil d’administration devra préalablement approuver, en mars, une révision de la politique de gestion des collections du musée. Les conservateurs de l’institution devront évaluer les collections de leurs départements respectifs et choisir les œuvres amenées à être vendues. Les œuvres sélectionnées seront, ou non, approuvées par les chefs de département, Max Hollein ainsi que par le conseil d’administration avant leurs mises aux enchères publiques.
Le MET inscrirait alors ses pas dans ceux du Brooklyn Museum qui, en octobre dernier, a été la première grande institution muséale américaine à profiter de cet assouplissement. Confronté à d’importantes difficultés financières, le musée s’était séparé de douze de ses œuvres d’art.
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Le Met de New York envisage de vendre des œuvres de sa collection pour faire face à la crise
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