Seule résidence impériale encore debout, le château de Fontainebleau abrite également le Musée Napoléon Ier. Pour l’Année Napoléon, l’établissement public revient sur l’empreinte laissée par l’empereur.
À première vue, le château de Fontainebleau n’a pas grand-chose d’impérial. Le domaine apparaît d’abord au visiteur comme la demeure de François Ier, un vaste ensemble Renaissance, dont l’aile principale est caractérisée par son fameux escalier en fer à cheval, aujourd’hui en restauration. Pour les inconditionnels de Napoléon, ce chef-d’œuvre de Jean Androuet du Cerceau, construit en 1632, appartient bien davantage à l’histoire de l’Empire qu’au règne de Louis XIII : c’est au pied de cet escalier que l’empereur aurait fait ses adieux à la garde impériale, après sa première abdication en 1814.
Cette volée de marches rendue mythique par la légende napoléonienne, de même que le salon de l’abdication, ont fait de Fontainebleau un de ces noms qui scandent, lorsqu’ils sont associés à une date, le destin de Napoléon. Mais pour qui souhaiterait comprendre le fonctionnement de l’Empire, sans toutefois verser dans le pèlerinage, Fontainebleau constitue aussi une étape incontournable. Alors qu’il a acheté le château de Malmaison pour Joséphine de Beauharnais durant le Consulat et l’habite ponctuellement, Napoléon le délaisse, une fois devenu empereur, pour s’établir dans trois résidences impériales : Fontainebleau, les Tuileries, résidence principale, et Saint-Cloud. Les deux dernières ayant disparues, seul le château bellifontain témoigne encore du faste impérial, et des méthodes de travail de l’empereur.
Vidé par la révolution, le château est en piteux état lorsque Napoléon s’y installe en 1804. Il y lance de coûteux chantiers de réhabilitation et, dans une approche patrimoniale avant l’heure, choisit de garder et de restaurer l’essentiel du bâti, avec comme arrière-pensée de s’inscrire dans la royale lignée des précédents occupants. Seules exceptions : les emblèmes des bourbons, scrupuleusement effacés et l’aile ouest que l’empereur fait tomber pour ouvrir la cour d’honneur sur la ville. Le remplacement de cette aile par une grille est la première étape d’un projet urbanistique à la Versailles que Napoléon ambitionne pour Fontainebleau, mais dont il ne reste plus beaucoup de traces aujourd’hui.
À l’intérieur, la visite propose un dialogue entre le Musée Napoléon Ier, installé en 1986 dans l’aile sud, et les appartements impériaux. Deux propos différents, mais qui ne cessent de se rejoindre : si le musée est consacré à la compréhension du système (politique, économique, dynastique) de l’Empire et si les intérieurs offrent un aperçu de la vie privée de l’empereur, la superposition des deux laisse clairement deviner que le premier avait largement phagocyté la seconde. Car, au faste impérial, nécessaire à la justification de ses prétentions dynastiques, l’empereur cède le minimum, gardant dans ses appartements les lits sommaires de ses campagnes militaires et prenant ses repas sur une simple table à rabat. Pragmatique, Napoléon transforme Fontainebleau en une « machine à vivre et une machine à travailler », selon le directeur des collections bellifontain David Guillet. L’exposition qui ouvrira au château en septembre reviendra sur les interventions de l’empereur sur Fontainebleau, dont la plus remarquable reste certainement la galerie de Diane.
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Fontainebleau, le château de Napoléon
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°560 du 5 février 2021, avec le titre suivant : Fontainebleau, le château de Napoléon