États-Unis - Résidences d’artistes

Éditorial

Une résidence d’un nouveau genre

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 9 août 2021 - 359 mots

ÉTATS-UNIS

Échanges culturels. Le programme de résidence aux États-Unis que le Quai d’Orsay vient de présenter sous le nom de « Villa Albertine » ne pouvait mieux tomber.

Villa Albertine, Los Angeles. © Divanov/Shutterstock
Villa Albertine, Los Angeles.
© Divanov / Shutterstock

Après cette longue période de confinement, de repli sur soi et d’enfermement numérique, il sonne l’heure de la mobilité et de la découverte de l’autre. Cette invitation au voyage reste symbolique bien sûr, puisque c’est seulement une soixantaine d’artistes et de chercheurs dans tous les domaines qui pourront en profiter chaque année. Mais elle dit que le Covid est (peut-être) derrière nous. Et la référence à l’œuvre universelle – d’un Proust écrivant reclus dans son lit – qui a ouvert l’imaginaire de tant de lecteurs sonne juste dans cette période de transition.

L’originalité de ce programme est qu’il est tout l’inverse de la Villa Médicis. Les pensionnaires ont souvent raconté combien le havre de paix romain pouvait se transformer en forteresse, les isoler de la société italienne et même paralyser toute recherche. Le programme imaginé par Gaëtan Bruel, conseiller culturel à New York, vise au contraire à plonger pendant trois mois les résidents dans la société américaine, ou tout du moins dans la communauté (un terme à la mode) qu’ils ont choisi d’étudier.

Cela va leur demander des efforts – aller au contact, parler en anglais –, mais au bout du compte, cela va enrichir leurs relevés de terrains d’étude, de manière plus concrète et féconde qu’une recherche documentaire. L’accompagnement des équipes de l’ambassade sera cependant déterminant pour établir les contacts. De même, il est à espérer que ce programme ne sera pas un vecteur d’importation en France de la culture « woke » dont les excès dans la (cependant nécessaire) mise en valeur des minorités a des effets délétères pour la liberté de création et d’expression. Parallèlement, les résidents sont des ambassadeurs de la culture française. Et l’on peut là aussi espérer qu’ils sauront montrer à leurs interlocuteurs qu’en France la science, la littérature, les arts, la pensée économique ont quelque chose à apporter à la société américaine.

Les résultats de cette expérience seront scrutés avec beaucoup d’intérêt, car la Villa Albertine est duplicable dans de nombreux pays, pour peu qu’ils ne soient pas autoritaires et refermés sur eux-mêmes.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°571 du 9 juillet 2021, avec le titre suivant : Une résidence d’un nouveau genre

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