Savez-vous quelles sont les trois Capitales européennes de la culture pour cette année 2023 ? Sans doute non et vous n’êtes pas le ou la seul(e) car les villes lauréates souffrent depuis longtemps d’un véritable problème de notoriété.
À moins que la Capitale se situe dans son propre pays, le label peine à franchir les frontières. Tout concourt à ce que le retentissement soit limité : la multiplication des manifestations culturelles d’envergure internationale, une communication sous-dimensionnée par rapport à ce foisonnement d’événements, un manque de lisibilité des programmations éphémères lors de l’année Capitale. Même en France, le label tend à perdre de son éclat avec la concurrence d’anciennes Capitales qui ont tendance à se pérenniser (Lille3000 en 2004), l’arrivée de festivals urbains annuels (Le Voyage à Nantes, Un été au Havre, Normandie impressionniste…), et depuis peu l’instauration d’une Capitale, cette fois française, de la culture. Et si le rythme de cette dernière n’est pas modifié, on aura deux Capitales en 2028, l’une française, l’autre européenne. De quoi brouiller encore plus les repères dans l’esprit du public.
Mais alors pourquoi cette idée, partie un jour d’une simple conversation entre Melina Mercouri (*) et Jack Lang (« nous avions un peu bu ce soir-là », nous a avoué récemment l’ancien ministre), suscite-t-elle autant de candidatures en France ? Alors que le temps des cathédrales culturelles construites avec l’argent du label est derrière nous. Alors que la préparation d’une telle candidature prend du temps et absorbe beaucoup de ressources. Sans doute parce que ce type de projet permet de créer une forte dynamique à l’échelle de tout un territoire, susceptible de fédérer de nombreux acteurs culturels. Et même si la candidature n’aboutit pas, ce qui sera le cas pour huit des neuf villes, elle aura permis d’établir un diagnostic des forces et faiblesses culturelles, et de faire émerger des projets, des idées nouvelles. C’est aussi, pour certains élus, ne soyons pas naïf, l’opportunité de se donner une image flatteuse. Mais en contrepartie de cette petite faiblesse, ces mêmes élus – ne sombrons pas dans le dénigrement du café du commerce – seront un peu obligés de réaliser ce qu’ils auront promis de faire. Le Journal des Arts salue ces efforts et entend rendre compte, pour les valoriser, de toutes ces démarches.
Ah, au fait, les trois Capitales – car il y a trois Capitales ce qui ne va pas faciliter leur notoriété – sont Timisoara en Roumanie, Veszprém en Hongrie et Éleusis en Grèce.
(*) Melina Mercouri (1920-1994) tourna plusieurs films avec le réalisateur Jules Dassin avant de devenir ministre grecque de la Culture entre 1981 et 1989 puis en 1993/1994.
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De l’utilité des « Capitales culturelles »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°603 du 20 janvier 2023, avec le titre suivant : De l’utilité des « capitales culturelles »