La Chaux-de-Fonds sera la « Capitale culturelle suisse 2027 »

La Chaux-de-Fonds (Suisse). La ville attendait l’événement pour 2025, ce sera pour 2027 ! Candidate unique au titre, la métropole horlogère du Jura se rêve « Capitale culturelle suisse » après le signal positif donné au projet par la Confédération début mars. C’est une première pour le pays qui ne connaissait jusqu’à présent que le modèle des « expositions nationales » – une tradition visant à la « cohésion interne du pays » dont une prochaine édition pourrait avoir lieu en 2032 sur tout le territoire, 26 villes de Suisse s’étant regroupées pour porter le projet « Nexpo ».

Même objectif affiché ici avec cette manifestation qui se veut une entreprise de ciment national, susceptible de combler le fossé, parfois grandissant, entre les trois zones linguistiques du pays (germanophone, francophone et italophone) via la culture. Mais pourquoi La Chaux-de-Fonds, ville du Jura francophone, proche de la frontière française ? « Elle gagnerait à être mieux connue. Elle a été choisie, même s’il n’y a pas eu de mise au concours, car elle a le potentiel nécessaire pour être un prototype », expliquait Daniel Rossellat, président de l’association Capitale culturelle suisse à l’ATS (agence d’information nationale de la suisse) en juin 2023. Depuis 2013, la réflexion entamée au sein de cette association autour d’une adaptation du concept de « Capitale européenne de la culture » au territoire suisse a donc fait son chemin. C’est un profil de « villes moyennes avec un potentiel culturel important et qui n’ont aucune chance de faire une exposition nationale » qui paraît le plus porteur, selon Daniel Rosselat, et la ville de Lugano dans le Tessin pourrait bien accueillir en 2032 la deuxième édition de cette opération de Capitale culturelle suisse, formule pensée pour avoir lieu tous les quatre à cinq ans à l’avenir. Les villes de Thoune (canton de Berne) ou Winterthour (canton de Zürich) seraient des candidates potentielles à de futures éditions.

La métropole horlogère a aussi plusieurs cordes à son arc qui jouent en sa faveur : terre de naissance de Le Corbusier dont on peut aujourd’hui encore visiter les premières réalisations architecturales, mais aussi de l’écrivain-voyageur Blaise Cendrars, son patrimoine urbanistique horloger est inscrit au patrimoine de l’Unesco depuis 2009. C’est une ville dont l’ébullition culturelle est palpable avec des institutions phares comme le Théâtre populaire romand ou le Musée des beaux-arts, et des événements notables, à l’instar du festival des arts du cirque.

Ancien président du Conseil d’État neuchâtelois (le gouvernement du canton), Jean Studer, tout juste nommé à la présidence de l’association La Chaux-de-Fonds Capitale culturelle suisse, vante « son terreau culturel extrêmement riche » dans un entretien donné le 12 mars à la Radio suisse romande : « On disait que La Chaux-de-Fonds était une grande manufacture. En 2027, elle doit être une grande manufacture de la culture. »

Le budget de la Capitale culturelle est estimé entre 15 et 20 millions de francs suisses (15 à 20 M€). Le financement serait réparti entre fonds privés (à 32 %), subventions publiques (à 45 %) et parapubliques (20 %). Avec pour modèles les cités de Liverpool (Angleterre) et de Glasgow (Écosse), respectivement Capitales culturelles européennes en 2008 (*) et 1990, La Chaux-de-Fonds, qui souhaiterait atteindre un million de visiteurs en 2027, ambitionne d’accroître son attractivité touristique mais aussi résidentielle grâce à cette année Capitale.