À côté des labels du patrimoine et des musées, des appellations ont émergé afin de répondre aux enjeux de pluridisciplinarité, de démocratisation et d’aménagement culturel du territoire.
France. Les nouveaux labels, réseaux et appellations qui émergent ces dernières années s’inscrivent dans les nouvelles priorités des politiques culturelles. Leur ambition est ainsi de créer des passerelles entre les disciplines, de soutenir la démocratisation culturelle ou encore de s’inscrire dans le développement culturel des territoires. Ces dispositifs ciblent en particulier les territoires considérés comme prioritaires : zones rurales, quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV), petites villes et villes moyennes ou centres-villes en déprise.
Imaginés en 1972 sur le modèle des maisons de la culture comme des lieux pluridisciplinaires, les Centres culturels de rencontre (CCR) visent à donner une nouvelle vie à des monuments historiques ayant perdu leur vocation d’origine. Ils conjuguent ainsi deux objectifs : valoriser un patrimoine d’exception et développer un projet artistique et culturel de création ou de transmission. Conçu comme un laboratoire d’expérimentation sur les rapports entre patrimoines et création, le label des CCR fédère aujourd’hui 19 membres qui développent chacun un projet thématique spécifique, à l’instar de la Saline royale d’Arc-et-Senans (Doubs) qui a choisi le thème de l’architecture ou de la Corderie royale de Rochefort (Charente-Maritime) tournée vers la mer.
Les tiers-lieux émergent depuis une dizaine d’années comme des espaces pluridisciplinaires visant à animer la vie culturelle du territoire. Le principe avait déjà été éprouvé par les maisons de la culture mises en place en 1961 : l’ambition d’André Malraux était alors de croiser les disciplines, de réinscrire la culture dans les territoires et de la rendre accessible au plus grand nombre. Après leur dissolution dans le label des Scènes nationales en 1990, leur disparition laissait un vide qu’il apparaissait nécessaire de combler. Expérimentés par le ministère de la Culture depuis 2015, les « Ateliers de fabrique artistique » (AFA) constituent des tiers-lieux voués à la recherche et à l’expérimentation artistique. Ils apparaissent comme autant de foyers culturels propres à pallier l’absence de lieux de spectacle ou d’exposition pérennes. C’est le cas de la Fabrique Pola à Bordeaux (Gironde), qui se consacre à l’art visuel contemporain, ou d’OuOùOuh à Ingrandes (Maine-et-Loire), atelier de fabrique artistique tourné vers la sérigraphie et la gravure. Certains programmes ont été lancés au niveau interministériel afin de soutenir l’émergence de tiers-lieux généralistes telles les « Fabriques de territoires ». D’autres dispositifs ciblent plus spécifiquement le champ culturel à l’instar des « Quartiers culturels et créatifs » (QCC), lancés en 2021. Cet appel à projet vise à soutenir le développement d’entreprises culturelles et de commerces culturels indépendants au sein de tiers-lieux ouverts aux publics.
Les labels peuvent générer de fortes dynamiques territoriales porteuses de développement économique et social. C’est dans le but de soutenir les collectivités qui font le choix de la culture pour dynamiser leur territoire que le label « Capitale française de la culture » a été imaginé sur le modèle du programme « Capitale européenne de la culture ». Ce label distingue, tous les deux ans, une commune ou un groupement de communes de 20 000 à 200 000 habitants se démarquant par le soutien à la création, la valorisation du patrimoine et la transmission. En 2022, la première édition du label a distingué Villeurbanne (Rhône) parmi 29 villes candidates. Le ministre de la Culture désignera courant décembre 2022 la commune ou le groupement labellisé « Capitale française de la culture » pour l’année 2024.
Dernier-né des labels du ministère de la Culture, l’appellation « 100 % EAC » distingue les collectivités qui portent un projet d’éducation artistique et culturelle (EAC) à l’attention des enfants et jeunes de 3 à 18 ans. Le label 100 % EAC est attribué par les préfets et les recteurs d’académie pour une durée de cinq ans. Le développement de ces nouveaux labels révèle ainsi une tentative inédite de dépasser l’approche culturelle centrée sur la notion de monument ou d’œuvre d’art, en cherchant à poursuivre un objectif plus large de développement socio-économique, de démocratisation culturelle et d’animation territoriale.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
De nouveaux labels pour de nouveaux enjeux
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°589 du 13 mai 2022, avec le titre suivant : De nouveaux labels pour de nouveaux enjeux