À ce jour, 60 % des écoliers de la Ville participent à un parcours d’éducation artistique et culturelle (EAC).
Bordeaux. La Ville a obtenu le label 100 % EAC (lire encadré) en 2022 et a mis en place un programme original visant à ce que les 16 500 enfants de la maternelle au CM2 suivent un parcours d’éducation artistique et culturelle (EAC). L’originalité du dispositif repose sur un partenariat (la Ville préfère appeler cela un parrainage ou un marrainage) entre un acteur ou un lieu culturel et un groupe scolaire pendant deux ans.
Baptiste Maurin, l’adjoint au maire en charge du patrimoine et de l’EAC (et par ailleurs « Monsieur carte électorale » au PS), aime à décrire l’un de ces partenariats qui en l’espèce unit le Musée d’Aquitaine et l’école Thiers (voir ill.). Les élèves sont allés visiter le musée, ont réalisé des dessins s’inspirant de ce qu’ils ont vu sous la conduite d’un artiste, lequel artiste a peint une fresque sur un mur de l’école à partir d’une dizaine de dessins. Les enfants ont ensuite organisé la médiation autour de cette fresque dans la perspective d’une journée portes ouvertes avec les parents. C’est l’exemple emblématique de ce que doit être un parcours d’EAC qui associe plusieurs pratiques sur la durée.
Selon l’édile, 70 partenariats de ce type ont été noués à la rentrée 2024 concernant plus de la moitié des écoles de la Ville. Pourquoi pas toutes les écoles ?« On aimerait bien, explique-t-il, mais nous n’avons pas le droit de solliciter directement les directeurs d’écoles, ce qui nous permettrait d’expliquer et de susciter l’intérêt, il nous faut l’autorisation de l’Éducation nationale. » Le problème ne se situe donc pas du côté de l’offre mais de la demande. Car côté offre, le programme est bien avancé selon l’élu : la plupart des acteurs culturels de la Ville ont été sensibilisés, voire formés, de sorte qu’une centaine d’acteurs (musées, conservatoires, associations, artistes...) serait en capacité de créer un partenariat avec une école. En revanche, Baptiste Maurin souligne l’implication positive de la conseillère de la direction régionale des Affaires culturelles (DRAC).
L’État verse, à travers la DRAC, chaque année 30 000 € pour ce programme doté de 500 000 € par la Ville et géré par une équipe de trois personnes dirigées par Marion Schock. Les écoles participantes reçoivent de 5 000 € à 15 000 €, soit une moyenne de 1 000 € par classe. Pour conséquent qu’il soit, ce budget n’est pas pour autant démesuré pour une Ville qui dépense 96 millions d’euros pour la culture, soit 15,5 % de son budget 2024.
Un dispositif encore peu visible
France. Lancé en 2021 par le Haut Conseil de l’éducation artistique, dont le recteur de l’académie de Bretagne, Emmanuel Ethis en assure la direction opérationnelle, le label 100 % EAC ne sanctionne pas une réalisation mais un projet. C’est là une première difficulté pour assurer une reconnaissance du label auprès du public en général et des parents d’élèves en particulier. À Bordeaux que pensent du label les 40 % de parents dont les enfants n’en bénéficient pas ? Le niveau d’engagement et surtout de réalisation est également très différent d’une ville à l’autre parmi les 157 territoires qui ont obtenu le label. Deuxième difficulté bien plus importante : personne ne sait ce qu’est un parcours EAC. En quoi est-ce un nouveau programme ? Après tout, cela fait des décennies que les élèves font des sorties au musée ou au théâtre. apprennent à jouer de la musique ou dessiner dans les conservatoires municipaux. Un parcours EAC est un programme qui dure en théorie plusieurs mois. La brochure du Haut Conseil n’est, elle-même, pas très orthodoxe en la matière. Ainsi, parmi les réalisations mises en avant, figure celle de Clermont-Ferrand qui offre un billet d’entrée pour un enfant et ses parents dans un lieu culturel de la ville. La généralisation de l’application Adage dans les collèges et lycées et la complémentarité avec le Pass culture collectif devraient faciliter la reconnaissance de l’EAC mais, dans l’immédiat l’objectif du ministère, qui est de donner une visibilité nationale à l’engagement des collectivités, manque de concret.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°642 du 1 novembre 2024, avec le titre suivant : Le label 100 % EAC : l’exemple de Bordeaux