Les deux écoles sont confrontées aux problèmes de restauration du site et de recherche de nouvelles surfaces.
Paris. Lorsque Yves Michaud prend la direction de l’École nationale supérieure des beaux-arts (ENSBA), en 1989, il découvre un état bâtimentaire préoccupant : « Lorsque j’arrive, je monte sur le Palais des Études, et je vois une toiture en tôle complètement pourrie sur le bâtiment des loges voisin, se souvient-il. Si 700 mètres carrés de tôle s’envolent dans le 6e arrondissement, ça va être pour ma pomme ! Il fallait agir vite. » Quelques décennies plus tard, Alexia Fabre – désormais ex-directrice de l’école – se retrouvera dans la même situation, en recevant en novembre 2023 un diagnostic complet du Palais des Études : elle réalise alors que le chantier de réhabilitation qui se profilait va devenir un chantier de sauvetage pour le vaste édifice du XIXe siècle.
Estimée autour de 100 millions d’euros par le ministère de la Culture, cette intervention va prendre place dans un contexte de concurrence entre les deux établissements partageant le site Bonaparte, exacerbée ces derniers mois par la réflexion ministérielle sur une fusion des écoles. Pour les artistes comme pour les architectes, la chasse aux mètres carrés indispensables à leur développement est déjà bien lancée, avec plusieurs pistes de réflexion dessinées pour étendre la surface des locaux.
La sauvegarde patrimoniale du site pourrait ainsi devenir une occasion pour mener de grands travaux d’agrandissement. Première idée, revenir sur le bâtiment des loges – qui avait occupé une partie du mandat d’Yves Michaud – surélevé de quatre niveaux en 1936, en partie écrêté en 1971, puis finalement sécurisé dans les années 1990. C’est le plus vieux des bâtiments du site, construit dans les années 1820 pour accueillir les ateliers des artistes qui préparaient alors le fameux « concours en loge ». Un édifice en torchis et pan de bois qui pourrait, selon le rapport Dumas-Zalio, soutenir une nouvelle extension.
Les écoles pourraient également profiter d’un autre désordre, celui des cours qui s’affaissent. Pour mener une réhabilitation complète, il faudra s’aventurer en sous-sol, afin de reprendre les canalisations et les fondations branlantes du Palais des Études : « Si on doit travailler sur la cour, pourquoi ne pas réfléchir à une extension en sous-sol ? », s’interroge Pierre-Paul Zalio. L’option est séduisante, mais sera coûteuse, comme toute intervention en infrastructure. Et s’ajoutera au coût estimé de 100 millions d’euros, qui concerne les interventions monuments historiques.
De manière plus sobre, une réserve foncière existe dans le Palais des Études, occupé en grande partie par les collections. Leur poids est même souvent cité comme l’une des causes de l’enfoncement inquiétant du Palais dans le sol argileux des bords de Seine, fragilisant ses structures, sa verrière, et causant des infiltrations d’eau dans la cour Bonaparte. Mais les 8 000 mètres carrés du bâtiment, déjà bien exploités, ne suffiront pas à contenir toutes les préconisations de la mission Zalio-Dumas : un Fab-Lab, un espace d’exposition muséal, un espace d’exposition pour les élèves, un lieu de sociabilité, une maison de la recherche, une matériauthèque… la plupart de ces équipements étant envisagés comme des espaces partagés. La construction du programme global du futur chantier dépend donc largement d’un principe de mutualisation entre Malaquais et les Beaux-Arts qui pour l’instant reste largement rejeté côté ENSBA.
Pour déplacer la question hors du site Bonaparte, le site de Saint-Ouen représente une opportunité : l’École des beaux-arts y occupe une partie d’une ancienne usine, propriété de la ville, depuis 2007.
Les rapporteurs envisagent de poursuivre la cohabitation entre les deux écoles dans ce vaste bâtiment, où les mètres carrés ne manquent pas, et dont 85 % de la surface cherche encore preneur. Un lieu idéal pour les ateliers lourds, mais aussi pour héberger temporairement les activités de l’École des beaux-arts durant les travaux : car pour le Palais des Études, la situation est urgente, et ne pourra souffrir l’attente d’un accord entre les deux écoles autour d’un programme.
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Un chantier de restauration urgent et coûteux des bâtiments historiques
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°652 du 28 mars 2025, avec le titre suivant : Un chantier de restauration urgent et coûteux des bâtiments historiques