La maison de vente va baisser significativement ses frais acheteurs en mai prochain.
En 1979, Sotheby’s introduisait pour la première fois des commissions acheteurs dans ses ventes. Depuis, celles-ci n’ont cessé de grimper, revues à la hausse presque tous les 18 mois ces cinq dernières années. Entre ces frais, les tiers garants qui demandant souvent un rabais quand il n’y a pas de sous-enchérisseur et les pourcentages dus aux apporteurs d’affaires, les coûts des adjudications sont de plus en plus alourdis.
Les nouveaux tarifs sont applicables à partir du 20 mai prochain, à toutes les spécialités (à l'exclusion des voitures, de l'immobilier, du vin et des spiritueux).
Pour les acheteurs, les paliers de prix passent de trois à deux. S’ils devaient auparavant payer 26 % du prix d'adjudication sur la tranche allant jusqu’à 1 million de dollars (à peu près la même somme en euros), 20 % sur la tranche comprise entre 1 et 4,5 M$ et 13,9 % sur la tranche au-delà de 4,5 M$, ils devront désormais s’acquitter de 20 % jusqu’à 6 M$ et 10 % au-delà. Les frais administratifs (représentant 1 % du prix d’adjudication) sont quant à eux supprimés. Selon l’opérateur, 77 % des lots sont adjugés en dessous de 25 000 $. C’est donc une baisse de l’ordre de 6 à 9 % pour les lots en dessous de 4,50 M€.
Concernant les vendeurs, c’est plus clair qu’aujourd’hui : ils devront payer 10 % du prix d’adjudication sur les premiers 500 000 $ et rien au-delà. Sotheby’s renoncera à sa commission si l’œuvre est assortie d’une estimation basse supérieure à 5 M$. Quant aux lots estimés entre 20 et 50 M$, les vendeurs recevront en plus du prix d’adjudication, 40 % de la prime d’achat perçue par la maison de vente. A cela s’ajoute la mise en place d’une nouvelle commission de réussite (« Success Fee ») : les vendeurs devront payer 2 % du prix marteau en plus sur tous les lots dont l’adjudication dépassera l’estimation haute. Reste que cette grille est toujours susceptible d’être négociée par le vendeur.
Concrètement, pour Femme à la montre, 1932, de Picasso, adjugée 121 M$ au marteau, soit 139,4 M$ frais compris le 8 novembre dernier, l’adjudicataire a dû s’acquitter de 18,4 M$ de frais, contre 12,7 M$ si la vente avait lieu en mai prochain. L’œuvre ayant été estimée à plus de 120 M$, le vendeur, lui, aurait dû payer 50 000 $ auxquels se seraient ajoutés les 2 % de « Success Fee », soit en tout 2,5 M$. Et dans ce cas de figure, Sotheby’s aurait empoché la totalité de la commission acheteur puisque le lot était estimé au-delà de 50 M$.
« C’est la fin de l’escalade, une course à la rentabilité impossible », estime le conseiller en art Thomas Seydoux, qui connaît bien le modèle économique des grandes maisons de vente anglo-saxonnes pour avoir exercé au sein de Christie’s pendant 15 ans. « C’est une bonne chose : des frais acheteurs pouvant aller jusqu’à 30 % ce n’est plus une commission mais un tiers de la valeur de l’œuvre vendue... Il était temps de changer de cap ! ». Et d’ajouter : « Faut-il bien sûr espérer que le “fixe et non négociable” barème sera bien le cas…. Dans un duopole compétitif, c’est tentant de déroger à la règle… ».
De son côté Christie’s a déclaré n’avoir « aucun commentaire à faire ». Comme ces nouveaux barèmes seront applicables en mai, « ce délai permettra à Christie’s et Phillips d’adopter des barèmes similaires d’ici-là. On verra s’ils suivront mais je pense que oui », estime Thomas Seydoux.
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Sotheby’s rationalise ses frais acheteurs et vendeurs
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