Les trois principaux opérateurs ne cessent d’augmenter les frais prélevés sur les adjudicataires.
Paris. Afin de se rémunérer, les maisons de ventes prélèvent des frais de vente. Les acheteurs comme les vendeurs sont concernés. Exprimés en pourcentage – le taux est fixé par la maison de ventes elle-même –, ils se calculent relativement au montant de l’adjudication. Mais à la différence des frais à la charge du vendeur, qui sont, eux, négociables, les frais incombant à l’acheteur, dus en plus du prix marteau, ne le sont pas et sont clairement indiqués dans les conditions de vente de l’opérateur.
Or, pour être plus concurrentiel et attirer les grosses collections, Christie’s, Sotheby’s et Artcurial ont tendance à diminuer, voire à supprimer les frais côté vendeur. Pour compenser cette perte, les maisons augmentent régulièrement leurs frais acheteur – dégressifs en fonction de l’importance de l’enchère. Pour cela, elles disposent de plusieurs leviers : soit elles rehaussent les taux de leurs barèmes, soit elles relèvent les tranches (soit elles font les deux). Et elles ne s’en privent pas – quand l’une modifie son barème, les autres ne tardent pas à suivre. Ainsi, entre 2013 et 2017, les trois maisons de ventes ont revu leurs frais à la hausse pas moins de quatre fois, et depuis 2017 de trois fois (la dernière modification datant de février-mars 2022), soit une augmentation comprise entre 10 et 20 % des frais acheteur en cinq ans, selon les différentes maisons.
En 2017, chez Christie’s, l’acheteur devait payer en sus du prix d’adjudication 25 % hors taxes (1) sur les premiers 150 000 euros ; 20 % entre 150 001 euros et 2 millions d’euros, et 12,5 % au-delà de 2 millions d’euros. En 2022, la tranche la plus basse a bondi de 150 000 à 700 000 euros quand son taux a augmenté de 1 %, passant de 25 % à 26 %. La tranche intermédiaire (le taux est resté identique) monte désormais jusqu’à 4 millions d’euros (contre 2 M€) tandis que la tranche la plus élevée voit son taux passer à 14,5 % à partir de 4 millions d’euros (au lieu de 12,5 %). Ainsi, pour la sculpture Femme qui marche (I), de Giacometti, adjugée 27,2 millions d’euros frais compris en juin 2022 lors de la dispersion de la collection Hubert de Givenchy, l’acheteur a déboursé 400 000 euros de plus que s’il l’avait achetée en 2017.
Artcurial recourt aux mêmes taux et tranches que Christie’s en 2022, alors qu’en 2017 ses frais s’élevaient à 25 % (jusqu’à 150 000 €), 20 % (de 150 001 € à 1,2 M€) et 12 % au-delà. Si Le Panier de fraises des bois de Chardin vendu en mars 2022 pour 24,4 millions d’euros frais compris l’avait été en 2017, l’acquéreur aurait économisé 662 640 euros.
Si le barème de Sotheby’s était identique à celui de Christie’s en 2017, il diffère aujourd’hui à la fois sur les taux et les montants, soit 25 % jusqu’à 700 000 euros, 20 % de 700 001 euros à 3,2 millions d’euros et 13,9 % au-delà. Ainsi, la commission que l’acheteur de la toile Pavonia, de Picabia (9,9 M€ en mars 2022) a dû débourser s’élève à près de 300 000 euros de plus que cinq ans auparavant.
(1) Comme tous les taux indiqués dans le texte.
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L’inflation des frais acheteur des maisons de ventes en France
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°601 du 16 décembre 2022, avec le titre suivant : L’inflation des frais acheteur des maisons de ventes en France