Présente depuis plusieurs éditions en marge de la Fiac, la performance s’offre en 2016 un festival à part entière. «Â Parades for Fiac » atteste le retour d’une discipline historique devenue enjeu commercial.
Eh oui ! la performance est une denrée consommable. Même si elle reste minoritaire sur les stands des foires d’art internationales, et malgré sa nature immatérielle, elle y fait l’objet de transactions – sous la forme d’un protocole à activer, ou de documents photo ou vidéo qui en fixent la trace. Rien d’étonnant à ce qu’elle bénéficie d’un traitement de faveur à l’heure de cette 43e édition de la Fiac. Sa directrice Jennifer Flay n’a cessé d’en signifier l’importance artistique et historique, invitant les représentants les plus emblématiques de la Postmodern dance, de Simone Forti à Yvonne Rainer ; faisant rejouer en 2015 le Sweet Wall d’Allan Kaprow – l’inventeur du happening. Cette année ne fait pas exception, avec la création d’un festival consacré à la discipline, « Parades for Fiac », qui n’est autre qu’une fusion des deux cycles préexistants : « Openings » et « In Process ». Si le volume d’événements reste à peu près équivalent, on gagne en lisibilité et en espaces de représentation, avec la mise à disposition du Palais de la découverte. En assise institutionnelle également, la Fiac se liant pour l’occasion avec l’incontournable Festival d’automne.
Officialisation plus qu’innovation, « Parades for Fiac » confirme la place d’une pratique située à la croisée de la danse, de la musique et de la poésie. Son titre évoque, sans que cela puisse être une coïncidence, le Parades and Changes d’Anna Halprin, pièce culte créée à partir d’actions quotidiennes (se rhabiller et se déshabiller) et qui signe la rencontre entre arts plastiques et chorégraphie. Côté programme, on retrouve les têtes habituelles de la danse dite conceptuelle (Boris Charmatz), du théâtre expérimental (les improvisations de Tim Etchells) et de la performance nourrie à l’érudition (Alexandre Singh, Louise Hervé et Chloé Maillet). Chez Maria Hassabi (Show) et Ola Maciejewska (Loie Fuller), il sera question du corps/sculpture ; chez Otobong Nkanga des interactions humain/machine ; chez DD Dorvillier d’« herbier » dansé ; chez Nicolas Fenouillat d’un Iron Man d’Heavy Metal ; chez Bouchra Ouizguen de transe féminine ; chez Alex Cecchetti d’enfer poétique… Dommage que les figures historiques, invités des années précédentes, n’aient pas survécu à la nouvelle formule.
Boris Charmatz
Pas question de rater une création de Boris Charmatz, d’autant plus quand le titre, Danse de nuit, charrie dans ses sonorités les rondes nocturnes de Rembrandt. La forme est resserrée (six danseurs), nomade (pensée pour la rue) et volubile (les corps s’adonnent à des improvisations verbales). Soit la promesse d’une transe rêveuse, occulte, illicite…
Hervé et Maillet
Louise Hervé et Chloé Maillet ont réussi à se faire un nom dans le petit monde anonyme de la performance. On les reconnaît d’ailleurs de loin. Vêtues d’un tailleur strict, elles arpentent les lieux de savoir et de patrimoine – ici le Palais de la découverte. Leurs conférences sont des fictions comiques dépravant les sciences exactes. Sujet du jour : l’éthologie.
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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°694 du 1 octobre 2016, avec le titre suivant : Performance accrue