Foire & Salon

Nos jeunes... aînés

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 23 septembre 2016 - 511 mots

Ils ont déjà marqué l’histoire de l’art mais restent toujours actifs.

Pris au sens premier du mot, le terme de « contemporain » dont toutes les foires d’art actuel se réclament vise à mettre en valeur tout un panel d’artistes de générations diverses pour ce qu’ils sont au travail, « actifs » comme disent les historiens d’art. S’il n’empêche que la plupart de ces manifestations n’excluent pas cependant la présence de certains artistes disparus, méfiance est toujours de la part des organisateurs à rester dans cette proximité d’activité du travail. À considérer la qualification d’« historique » que l’on greffe volontiers à celle d’artiste, on touche alors toute une population de créateurs aînés que l’histoire en cours a déjà entérinés pour ce qu’ils ont marqué celle-ci de leur sceau.

Singulières individualités ou figures leaders d’une quelconque tendance artistique, ces « artistes historiques actifs » n’en sont pas moins attendus avec la même curiosité que leurs cadets. Pour les galeries, ce sont eux ordinairement qui portent le marché parce que leur cote y est installée quand bien même elle est susceptible de connaître toutes sortes de mouvements divers et variés. Qu’ils soient peintres comme Günther Umberg (galerie Thomas Zander) ou Julian Schnabel (galerie Almine Rech), sculpteurs comme Manfred Pernice (galerie Neu) ou Damien Hirst (White Cube), qu’ils soient figuratifs comme Alex Katz (Galerie Thaddaeus Ropac), conceptuels comme Mel Bochner (galerie Peter Freeman) ou arte poveristes comme Michelangelo Pistoletto (Galleria Continua), leur présence est parfois synonyme d’un retour de visibilité.

Le rôle d’une foire comme la Fiac tient notamment dans cette façon de redécouverte, sinon de remise en avant de travaux que le regard a trop souvent tendance à oublier et que certaines galeries s’appliquent à remettre sous les feux de la rampe, ainsi de Larry Bell (Kohn Gallery) ou de Sheila Hicks (galerie Frank Elbaz). Il en est enfin de situation inédite comme celle du binôme Claude Rutault & Allan McCollum présentant une œuvre commune surprenante, dite Collection of Four Perfect Vehicles (MFC-Michèle Didier).

Nos coups de coeur

Park Seo-Bo
Il demande à être appelé « le magicien de la couleur » et il a bien raison. À 85 ans, Park Seo-Bo, originaire de Corée du Sud, ne cesse de développer une œuvre d’une absolue rigueur monochrome que caractérise un travail de composition en relief strié qui lui permet de faire jouer la couleur en fonction de toutes les variations de la lumière. Proprement sublime.

Claude Viallat
Peinture, discours et méthode : ainsi se résume la démarche de ce Nîmois, figure proue du groupe Supports/Surfaces, dont l’œuvre n’a jamais failli de sa posture initiale. L’empreinte de la forme aux allures d’osselet qu’il s’est inventée fin des années 1960 et qu’il n’a jamais cessé d’appliquer sur toutes sortes de supports fait tout à la fois l’éloge de la couleur et du signe.

Daniel Spoerri
Ses fameux « tableaux-pièges » comptent parmi les inventions plastiques les plus singulières du Nouveau Réalisme. Suisse d’origine roumaine, installé à Vienne, Daniel Spoerri est passé maître dans l’art du collage-assemblage d’objets. Une façon de prendre part au discours sur la société de consommation en la célébrant tout autant qu’en la vilipendant.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°694 du 1 octobre 2016, avec le titre suivant : Nos jeunes... aînés

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