La frilosité des collectionneurs et la situation économique en Chine ont entraîné un fort repli des ventes notamment publiques.

Après une année de baisse en 2023, le marché de l’art mondial a poursuivi sa contraction en 2024, avec une chute de 12 % pour atteindre 57,5 milliards de dollars, selon le Art Basel & UBS Art Market Report 2025. Le ralentissement concerne surtout le haut du marché, particulièrement affecté par l’incertitude politique et économique, notamment aux États-Unis, où les ventes ont reculé de 9 %, et en Chine, qui enregistre un effondrement de 31 %.
La Chine, autrefois moteur du marché, retombe à son niveau de 2009. La fin tardive des restrictions sanitaires avait provoqué une bulle en 2023, dont la correction est brutale. Avec 15 % de parts de marché, le pays repasse derrière les États-Unis (43 %) et le Royaume-Uni (18 %). Ce recul chinois affecte d’autant plus les ventes aux enchères, en chute libre de 38 % dans le pays.
À l’échelle mondiale, les ventes publiques ont chuté de 25 %, tirées vers le bas par l’effondrement du segment des œuvres à plus de 10 millions de dollars, dont les ventes ont diminué de 45 %. En revanche, les ventes privées progressent de 14 %, profitant d’une demande de discrétion et de certitude sur les prix. Les maisons comme Christie’s ou Sotheby’s misent de plus en plus sur ce canal, qui représente jusqu’à un quart de leurs ventes.
Les galeries, bien que touchées (- 6 %), s’en sortent un peu mieux. Les grandes structures voient leur chiffre d’affaires reculer davantage (- 9 %), tandis que les petites galeries, positionnées sur des œuvres à moins de 5 000 dollars, progressent de 17 %. Cette polarisation du marché s’observe également dans le nombre de transactions, en hausse de 3 % sur l’année : les acheteurs restent actifs, mais sur des montants plus modestes.
La frilosité des collectionneurs, plus psychologique qu’économique, reste marquée. Si les fondamentaux mondiaux sont plutôt sains (PIB en hausse de 3,3 %, inflation en baisse), les acheteurs fortunés réduisent leur exposition à l’art. Selon UBS, la part de leur patrimoine consacrée à l’art est passée de 24 % en 2022 à 15 % en 2024.
La transition numérique, entamée durant la pandémie, perdure. Les ventes en ligne, bien qu’en baisse de 11 %, représentent toujours 18 % du total, soit le double du niveau de 2019. Les œuvres à bas prix y sont dominantes, tandis que les acquisitions haut de gamme continuent de privilégier le contact physique. Quant aux NFT, ils poursuivent leur déclin, accéléré par la fermeture de plateformes.
L’année 2025 s’annonce incertaine. Si 33 % des galeristes espèrent une amélioration, 40 % des maisons de ventes anticipent une nouvelle baisse.